Une visite organisée par Mémoire 2000 et le Lycée Condorcet au Mémorial de la Maison des Enfants d’Izieu et au Musée de la Résistance de Lyon.
Visiter la Maison des Enfants d’Izieu, c’est s’indigner tout au long de ce parcours de ce qui s’est passé ici, dans ce paysage de rêve où l’on domine le Rhône et où l’on voit au loin les Alpes enneigées. Lire les lettres des enfants envoyées à leurs parents dont la plupart ont déjà été massacrés, voir leur photos, sentir qu’ils ont été heureux entre ces murs, qu’ils jouaient dans le jardin, organisaient des fêtes, faisaient leurs devoirs assis sur les petits bancs de la salle de classe, et savoir ce qui leur est arrivé est impensable.
On ressentait cette émotion pendant la visite des 29 élèves du lycée Condorcet, ce matin du 5 mai et l’on repensait à ce que nous avait dit un jeune garçon de CM2 lors d’une visite précédente « c’est très beau ici, mais ils sont tous morts… »
Cependant grâce à la préparation qu’ils avaient reçue de leur professeur d’histoire, Alexandre Bande, avant de venir à Izieu, et aussi à la remarquable présentation faite par Pierre-Jérôme Biscarat, historien et l’un des responsables de l’équipe pédagogique du Mémorial, ces jeunes ont pu replacer ces évènements dans le contexte de l’époque.
Dans la grange qui précède la maison, une exposition montre que les familles de ces enfants venaient de toute l’Europe et qu’ils ont été victimes de la politique anti-juive de Vichy qui a démarré très tôt et a souvent dépassé ce qu’au début en tous cas demandaient les autorités d’occupation.
Presque tous les enfants qui sont passés par la Maison d’Izieu (plus d’une centaine, ils étaient encore 44 au moment de la rafle le 6 avril 1944) avaient séjourné dans les camps de sinistre mémoire de Gurs ou de Rivesaltes. Ils ressentaient douloureusement la séparation d’avec leurs parents, mais avaient trouvé auprès des responsables de la maison, Sabine Zlatin et son mari ainsi qu’auprès des jeunes éducateurs un abri accueillant et chaleureux.
Le lendemain de la visite, les élèves ont assisté à une projection d’un documentaire retraçant la vie difficile des juifs étrangers ainsi qu’un diaporama retraçant la vie de la maison à travers des photos des enfants patiemment retrouvées après la guerre auprès des familles de survivants.
A la fin de la visite, les jeunes ne regardaient plus le paysage de la même façon, mais grâce à leur recueillement et leur émotion, la mémoire des enfants d’Izieu vivra encore longtemps.
Un grand merci à Pierre-Jérôme Biscarat et à toute l’équipe du Mémorial qui font un travail remarquable : ils reçoivent plus de 16 000 jeunes visiteurs par an.
A lire le livre de P.J. Biscarat Dans la tourmente de la Shoah – Les enfants d’Izieu (Miche Lafon) et à visiter bien sûr le Mémorial tel : 04 79 87 25 01 www.izieu.alma.fr
Claudine Hanau