Les pièces de théâtre

Dans le cadre de la semaine « Paroles Citoyennes » organisée par le théâtre Antoine à Paris, nous avons décidé d’inviter la classe du lycée Fresnel qui avait déjà participé à la séance sur la radicalisation : « Le ciel attendra », ce spectacle faisant écho avec le film. De plus, nous avons eu la satisfaction d’accueillir 4 élèves du CEF de Combs la Ville (Centre d’ Education Fermé) accompagnés de leurs professeur et éducateur.

« Audrey, » mise en scène : Hakim Djaziri
Audrey est une jeune fille qui semble heureuse au milieu de ses 10 frères et sœurs, vivant chez sa mère, jusqu’au jour où celle-ci se voit retirer son agrément de famille d’accueil. Elle décide de vivre avec un homme qui, on le verra plus tard est un pervers violent. Audrey ne parvient plus à s’attacher à qui que ce soit, elle renie même sa meilleure amie, elle cède à la haine comme on cède à une pulsion. Elle est influencée par les réseaux sociaux.
Audrey plonge dans l’extrémisme islamiste et se perd dans l’illusion de réponses que la vie ne lui apporte plus. Sa vie bascule. Elle part avec un mari imposé par une « marieuse », en Syrie, elle a un enfant, elle prend les armes. Sa vie devient le théâtre d’une lutte entre la vie et la mort, entre ce qu’elle croit être le « Bien » et le « Mal ».
Cette histoire est tirée de faits réels. L’auteur en a changé la fin, puisqu’Audrey, dans le spectacle, revient en France et est emprisonnée, mais cette plongée au cœur de la radicalisation est foudroyante.
Un temps d’échanges s’est tenu après le spectacle entre l’auteur et le public.
Une réflexion globale en temps que citoyen : quand on perd la faculté d’aimer, on devient vite la proie des prêcheurs, même haine, même rejet dans l’enfance, l’Islam est en embuscade et récupère ces personnes fragilisées. Les réseaux sociaux sont responsables à 70% des radicalisations et des départs en Syrie, Afghanistan etc…
À la question au metteur en scène : comment avez vous rencontré le théâtre ?
« Je n’écoutais que le chant du Coran, mon objectif était de partir au Yemen. A ma sortie de prison, les Islamistes sont venus me chercher dans un but faussement altruiste. J’ai eu le bonheur de croiser le théâtre sur ma route, me suis inscrit aux cours du soir, j’ai été passionné, il m’a servi d’exutoire, bien que la religion musulmane fut toujours inscrite dans mes gènes, j’étais dans une espèce de schizophrénie entre le prêche du vendredi et le théâtre. Pour Audrey, l’art n’a pas suffit, elle vit actuellement en Belgique, mais toujours dans une religion radicale ! Il faut se souvenir qu’il est possible de se dé-radicaliser, mais il faut du temps… Vous les jeunes, sachez à quel point vous êtes maîtres de votre vie. Soyez vigilants, accrochez vous à vos rêves ! »
Pour certains élèves, cette séance fut un choc. Choc culturel déjà, car la plupart n’étaient jamais allés au théâtre et à fortiori avec une telle proximité avec les acteurs! Mais choc sur le fond qui les ramenaient un peu à leur propre histoire, je veux parler des élèves du CEF, en particulier.
Un carnet de spectateur leur a été délivré via leurs professeurs, par l’association Mémoire 2000, dans lequel ils sont invités à inscrire leur ressenti, ce qu’ils ont aimé, pas aimé, pourquoi etc…
Nous vous invitons à lire leurs réflexions dans l’onglet Témoignages des élèves, en haut de la page.
Un grand merci aux professeurs et à l’éducateur d’avoir pris le temps d’accompagner tous ces élèves un samedi soir. Bravo à eux.
Joëlle Saunière