
Compte-tenu du nombre important d’élèves inscrits, deux séances ont été réalisées au cinéma le Silencio des Prés : le 1eroctobre (le débat a été animé par Maryla Goldszal, avocate au Barreau de Paris) et le 15 octobre 2024 (le débat a été animé par Artemisa Flores-Espínola, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris-Est Créteil).
Le 1er octobre les élèves étaient du même établissement et d’âge homogène (classes de 3ème), le 15 octobre il y avait 5 établissements différents et les classes allaient de la 5ème à la 3ème.
Nous avons remarqué que les plus jeunes étaient plus loquaces que les plus âgés. Les débats ont été orientés un peu différemment en fonction de la profession des débattrices.
Ce compte rendu essaie d’être une synthèse des 2 séances.
Dans les 2 cas le film a été grandement applaudi et à la 1ère question ce film vous a-t-il plu, ce fut dans les 2 cas une réponse enthousiaste.
D1 : débat avec Maître Maryla Goldszal, avocate au Barreau de Paris ; D2 : débat avec Artemisa Flores-Espínola, maîtresse de conférences en sociologie.
Elève : Ce film montre le racisme à l’époque en Amérique
Maître Maryla Goldszal (D1) : Quelles marques de ségrégation avez-vous retenues ?
Elèves : les toilettes réservées aux blancs – le mauvais accueil des chercheurs qui donnent à Katherine leur poubelle à vider – la cafetière réservé aux hommes – à la bibliothèque on ne prête pas de livres aux « noirs » – les 2 parties dans le bus – les manifestations…
Maître Maryla Goldszal (D1) : À partir de 1960 , la ségrégation est interdite au niveau national par la Cour suprême, mais au niveau fédéral chaque Etat décide… en France, la loi de 2001 interdit toutes les discriminations (couleur, religion, sexe, travail…)
Elève : Il faut que chacun de nous défende son avis ; je trouve très bien ce genre de film et de débat pour que l’on réfléchisse et que chacun ait un avis personnel sur la question.
Maître Maryla Goldszal (D1) : Le racisme vient de la peur de l’ « Autre », c’est souvent une domination d’une minorité affaiblie. Comment combattre cela ?
Elève : Pas besoin de lois, il faut réprimer les discriminations : dommages et intérêt, la perpétuité, la peine de mort…
Maître Maryla Goldszal (D1): Il faut absolument des lois, mais il fut aussi une graduation des peines.
Elève : Dans le film, les méchants c’est les russes.
Professeur : Cela se passe pendant la guerre froide, nous en reparlerons en cours.
Professeur : Ressentez-vous du racisme au collège ?
Elève : Oui, et aussi beaucoup de préjugés, des clichés.
Elève : Cela vient beaucoup de l’éducation des familles.
Elève : Le racisme est alimenté par une idéologie, mais le sexisme par une vision des choses : les femmes sont moins fortes que les hommes.
Professeur : Battez-vous les filles !!!
Maître Maryla Goldszal (D1) : Il y a eu très longtemps une discrimination femme/homme. En France, la femme ne pouvait pas avoir accès à son salaire (chéquier) jusqu’en 1970. L’autorité parentale était laissée aux hommes.
Elève : Il y a encore des discriminations au niveau des salaires.
Maître Maryla Goldszal (D1) : Cela existe toujours malgré les lois.
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Mes recherches portent, entre autres, sur les rapports sociaux. Vous avez beaucoup parlé du racisme, mais quels constats dans ce film faites-vous sur la supériorité des hommes par rapport aux femmes ?
Elève : À la NASA dans le bureau d’études, la seule femme blanche n’est pas chercheuse mais secrétaire.
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Devant le juge, Mary demande à ce qu’une femme puisse faire des études d’ingénieur à la NASA. Les « calculatrices » étaient toutes des femmes, alors que les hommes étaient des chercheurs, mais elles ont montré leur supériorité en sachant faire fonctionner la machine IBM… une femme n’avait pas le droit de signer un rapport, d’entrer au siège le plus élevé de la NASA…
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Qu’en est-il en France aujourd’hui ?
Elève : Il y a eu des progrès, mais ce n’est pas encore l’égalité totale. Par exemple pour la santé, les femmes occupent des places d’infirmière, d’aide soignantes… mais les plus « hauts placés » sont des hommes – pareil en politique – pareil dans l’enseignement – pareil dans la recherche scientifique…
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Quels métiers aimeriez-vous faire plus tard ?
Elèves : architecte – psychologue – cuisinier – politicien – justice – youtubeur – ingénieur – astronaute – Mac do – procureur…
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Quels sont les moments Hommes/Femmes les plus marquants dans le film ?
Elèves : Katherine qui s’énerve devant l’injustice et qui se met très en colère – le directeur qui casse le panneau des toilettes – Le policier qui, lorsqu’il découvre qu’elles travaillent à la NASA, va les admirer et les accompagner – quand le cosmonaute demande à ce que les calculs soient vérifier par Katherine – quand le chercheur lui rend volontairement le travail difficile en barrant les chiffres importants – Mary qui ose affronter le juge seule et entrer à l’université…
Artemisa Flores-Espínola (D2) : Bravo, vous avez bien senti ces grandes difficultés… ces trois femmes sont des battantes, elles ont réussi dans des métiers où on ne les attendait pas, ce sont des pionnières… c’est un combat de tous et toutes et un combat de mémoire pour ne pas reproduire des erreurs du passé ; les femmes sont différentes des hommes et apportent une pluralité de perspectives très enrichissante.
Arlette Weber
