Journal de Juillet 2013: Visite à Drancy de membres de Mémoire 2000, le 18 avril 2013

 

Vue depuis le Mémorial de la Shoah à Drancy de la Cité de la Muette, anciennement camp de Drancy, avec le monument commémoratif et le wagon de déportation
Vue depuis le Mémorial de la Shoah à Drancy de la Cité de la Muette, anciennement camp de Drancy, avec le monument commémoratif et le wagon de déportation

Cela faisait assez longtemps que les militants que nous sommes n’étaient pas allés à Drancy. La création du nouveau Mémorial nous a donné l’occasion de remédier à cette “négligence”. C’est ainsi que le 18 avril dernier, nous nous retrouvâmes, une dizaine de militants, à visiter ce magnifique mémorial.

En dehors de l’architecture du bâtiment, qui est d’une grande sobriété et d’une grande beauté, ce qu’on y voit ne laisse pas intact. Cela nous rappelle les raisons de notre engagement et redonne, malheureusement, “du cœur à l’ouvrage”, afin que de telles horreurs ou d’autres ne puissent se reproduire.

70 ans après on en est encore à se demander comment des hommes ont pu, le cœur de pierre, participer à l’horreur que fut pour des milliers de personnes, cet internement prélude à l’extermination.

Quand on voit les photos et qu’on lit des lettres écrites parfois par des enfants de 7 ans, on a honte d’appartenir à cette espèce que l’on dit humaine, et qui en cette occurrence, s’est montrée sauvage et sans pitié…

On s’interroge encore et toujours: Pourquoi ? Mais, comme répondait un nazi à cette même question : il n’y a pas de pourquoi. Et ça c’est difficile à avaler.

Je vous le redis, on ne sort pas indemne d’une telle visite, mais il est indispensable de la faire.

Lison Benzaquen

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Monument commémoratif et Mémorial de la Shoah à Drancy (fond, à droite)
Monument commémoratif et Mémorial de la Shoah à Drancy (fond, à droite)

Jean ne savait pas qu’il était juif.

Jean ne savait pas que sa mère était juive.

Jean ne savait pas que sa mère avait accouché à Drancy, au camp de l’enfer.

Jean est mon ami depuis 40 ans.

Je ne savais rien de lui !

Plus qu’un musée, c’est une fenêtre sur notre histoire qui nous est offerte et nous sommes pris de vertige, lorsque, au 3° étage, nous réalisons avec effroi, que le camp était bien réel, là, sous nos yeux.

C’est à la suite d’un travail d’investigations exceptionnel, que Patrick Rothman et son équipe, ont réussi à délier les langues du camp de “la Muette”, grâce à eux, Fanny Migdal, (mère de Jean) et bien d’autres ont pu libérer leur parole enfouie depuis tant d’années. Grâce encore à cette équipe, Jean a pu tisser la trame de son histoire, Fanny, sa mère a enfin trouvé en elle la force de la justesse de la vérité.

Merci infiniment à la Fondation de la Shoah, à la ville de Drancy pour cette initiative, ô combien nécessaire ! Ce musée en plein cœur d’une cité sensible dégage une émotion qui nous submerge !

Joëlle Saunière

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L’architecture du Mémorial par sa sobriété, son dépouillement, nous prend, nous absorbe, et par ses grandes baies vitrées nous plonge dans cette cité au lourd passé…

La mémoire est là, tellement présente qu’elle étouffe la vie de ses actuels habitants, on se sent presque voyeur de l’horreur…

Marie-Claude Godon

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Monument commémoratif du camp de Drancy, le wagon de déportation-témoin et la cité de la Muette en arrière plan
Monument commémoratif du camp de Drancy, le wagon de déportation-témoin et la cité de la Muette en arrière plan

Un bâtiment très design fait face au wagon de Drancy : c’est le Mémorial ouvert en 2012. A l’intérieur de grandes salles claires abritent panneaux explicatifs, écrans, photos et bien sûr audiophones…c’est remarquable et la sophistication n’exclut sûrement pas l’émotion…

Mais je ne peux m’empêcher de revoir le local plutôt sinistre, meublé de chaises où prenaient place les élèves bien sages que nous amenions des lycées et collèges de Paris et de banlieue pour visiter ce qu’il restait du Camp….Quelques photos, une petite télé : c’était tout et cependant, grâce au récit d’un témoin incomparable, Francine Christophe, ils pouvaient réaliser ce qu’avait été la vie dans ce prélude à l’enfer. Je suis sûre qu’ils n’ont pas oublié ce qu’ils ont entendu ces matins là mais je suis sûre aussi que d’autres élèves viendront nombreux aux futures visites que nous organiserons à la demande de leurs professeurs, et cela dans le Mémorial qui les attend et toujours en présence de témoins…

Enseignants, contactez nous vite! C’est important de transmettre la mémoire…

Claudine Hanau

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Les immeubles tristement célèbres en forme de U. Au milieu un modèle de wagon à bestiaux non moins tristement célèbre. Un petit monument du souvenir.

En face un superbe bâtiment à l’architecture audacieuse en guise de musée.

Une impression vague que cette cohabitation pose problème…Je ne sais l’exprimer, mais le ressent fortement.

Daniel Rachline

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La visite du Mémorial de Drancy s’imposait à notre association dont la vocation est bien de sauvegarder la mémoire de l’Holocauste des six millions de juifs exterminés par les nazis. Les derniers déportés survivants du camp de Drancy resteront toujours parmi nous grâce à leurs témoignages enregistrés, illustrant les coupures de presse et les photos de la vie du camp avec notamment le départ des enfants entassés dans un wagon  à destination des camps d’extermination.

La visite du président Hollande à l’inauguration du Mémorial, démontre fort bien la volonté, au plus haut niveau, de contribuer non seulement à maintenir la flamme du souvenir mais encore au travers d’une documentation toujours enrichie, d’une salle de conférences et d’outils informatiques adaptés,  permettre aux jeunes générations d’avoir une pleine connaissance d’un crime contre l’humanité, la Shoah, pour éviter le renouvellement d’une semblable tragédie.

Maxime Perrault

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Drancy. Un nom qui résonne toujours bizarrement pour moi, un nom attaché à ce passé qui ne passe pas.

Le Mémorial est une réussite. Des baies vitrées donnent sur le camp de Drancy, sur ces bâtiments de la cité de la Muette, aujourd’hui habitée par des familles, parfois immigrées, toujours de conditions modestes. Télescopage des temporalités, superposition de lieux imaginairement irréconciliables. Drancy, le camp où des dizaines de milliers de malheureux sous-alimentés furent internés dans l’attente d’un départ vers l’est, un départ dont nous savons où il allait les mener, et Drancy aujourd’hui, une cité HLM, ses habitants avec leurs difficultés et leurs joies, une cité absolument banale.

Un des étages du Mémorial est dédié aux recherches documentaires. L’une d’entre nous a demandé à l’une des documentalistes les informations qu’il y aurait peut-être sur l’internement de ses parents à Drancy, avant leur déportation sans retour. Aide précise de la documentaliste.

Lorsque nous avons retrouvé l’air libre, nous avons croisé un groupe de lycéens venu visiter le Mémorial. Ils étaient silencieux. Nous avons marché chacun à son rythme vers la sculpture en pierre et le wagon-témoin situés à l’entrée de la cité de la Muette. La mémoire du passé revient violemment, une mémoire constituée pour moi des paroles des témoins directs du camp de Drancy, de la chair de leurs mots, de leurs silences aussi. Leurs paroles, m’accompagnent et me reviennent aussi en mémoire les paroles de Claude Lanzmann dans son film sur Sobibor, “ici, c’est l’extérieur du camp, là, quelques mètres plus loin, c’est la mort”. Drancy, antichambre de la mort.

Je songe que ce lieu est absolument inhabitable. Quelque chose d’obscène à ce que la vie se déroule ici comme si de rien n’était. Comme une profanation. L’édification du Mémorial du camp de Drancy est un pas important, mais inachevé. Espérons que la cité de la Muette sera bientôt ce qu’elle aurait dû être depuis la fin de la guerre et de la Shoah. Le Mémorial de la déportation des juifs de France.

Rose Lallier

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