COMMISSARIAT GENERAL
aux questions juives ETAT FRANçAIS
Section d’Enquêtes et de Contrôle
Section Région parisienne Paris, le 9 décembre 1943
Affaire n°5.471
Inspecteur : FOURRIER, FERRY, LANDRY 7, rue Notre-Dame des Victoires
CEN : 01-52
GUT : 39-50
Rapport n°6.288 affaire : RACHLINE, Vice-Président de la L.I.C.A.
JB/DG – 670 LIEU : 259, Boulevard Ornano à SAINT-DENIS (Seine)
ORIGINE : Section ProvinceRéférence à rappeler :
Reférence à rappeler : REFER : SM/AS du 8 octobre
SM/RL du 6 sept.1943 OBJET : Vérifier si le juif RACHLINE Lazare est recensé, et son activité.
ETAT CIVIL :
RACHLINE Lazare
Né le 25 décembre 1905 à GORKY (Russie)
D’origine russe.
A été naturalisé français par décret en date du 18.2.38
Il a fait l’objet du retrait de la nationalité française par Décret du 20.3.1942 (Journal Officiel du 26.3.1942)
Classé au Casier Général sous le n° 590.039
De race et de religion juive, a épousé le 9.6.32 à PARIS
La nommée ABRAHAM Suzanne, née le 19 Août 1911 à PARIS,
de nationalité française avant son mariage. Trois enfants :
Michel, né le 5.6.1933 à PARIS (18ème)
Daniel, né le 13.6.1936 à PARIS (18ème)
Jean-Claude, né le 30.9.1939 à TOURNAN.
L’intéressé, qui exerçait la profession d’industriel à SAINT-DENIS (Seine) est actuellement domicilié :
22, rue Léon Brauchet à BRIVE (Corrèze).
Papiers personnels… Nous sommes très loin de cela, mais ce qui est arrivé une fois peut toujours se reproduire.
Ce qui arrive aujourd’hui aux gens du voyage et autres Gitans et Roms peut devenir à terme un élément d’un nouvel engrenage.
Ne rien laisser passer, toujours se souvenir, et toujours se battre, c’est notre lot.
Le document reproduit ici, que nous voulons “pédagogique” et “mémoriel” est bien entendu incomplet.
“L’enquête” menée relate sur plusieurs paragraphes les faits et gestes du “juif Rachline” depuis sa naissance.
Rien n’échappe aux enquêteurs, de la vie privée, voire intime, à la vie publique, professionelle et politique du “Juif Rachline” ainsi désigné à chacun des paragraphes.
En conclusion de l’enquête il est mentionné : “ Au cas où le juif Rachline serait en infraction, nous demandons à la Direction Régionale de Limoges (lieu de résidence des Rachline en 1943) de faire prendre à son égard toutes mesures prévues par la loi, et nous attirons spécialement l’attention de ces Services sur le fait que, par le passé, ce juif a eu une activité politique qui doit entraîner une surveillance toute particulière sur son activité présente”.
Il reste à souhaiter que plus jamais nous n’ayons l’occasion de voir ressurgir ce genre “d’enquêtes” menées sur des personnes pour ce qu’elles sont et non pas pour ce qu’elles font…
Nous sommes au XXIème siècle, nous avons l’expérience des siècles précédents, nous avons atteint une seuil de “civilisation” extraordinaire : n’est-il pas temps de penser enfin que l’“étranger”, le “différent” ne représente pas forcément un danger, mais qu’il n’est ni plus, ni moins qu’un alter ego !
Daniel Rachline