“ En descendant les Champs-Elysées, tout à coup, je croise un homme et un enfant, bien habillés, remontant vers l’Arc de triomphe. Ils avaient le mot juif et l’étoile jaune cousus sur leur veste.
En vous le racontant aujourd’hui, j’ai envie de pleurer, tellement ça a été un choc. Oui, un choc ! C’était inacceptable. Là, d’un coup, je me suis dit : mais pourquoi ? Pourquoi ? Qu’ils soient juifs ou pas, qu’est-ce que ça peut faire ? Je ne sais pas comment vous dire, mais ça a brisé d’un coup mon antisémitisme.
Cela reste un moment unique dans ma vie. Cet homme et son fils, au fond, j’aurais voulu les serrer dans mes bras”.

Ce sont les paroles de Daniel Cordier lors d’une interview accordée au Monde en mai dernier et qui explique de façon simple et émouvante, comment en quelques instants seulement il a pu prendre conscience de l’absurdité et de la violence de l’antisémitisme.
C’est sans doute, en partie, grâce à cette prise de conscience “fortuite” que cet ancien Camelot du roi, élevé dans une famille d’extrême droite, admiratrice de Maurras, antisémite, comme il était de bon ton de l’être à cette époque, s’engage dans la France libre et qu’il est devenu le personnage formidable que l’on connait.
Il dit lui-même qu’il fallait être fou pour faire certaines choses. Certaines folies sont d’une immense sagesse…
Il y a des leçons à écouter de cet homme “libre” qui pourtant ne souhaite pas en donner.