Le témoignage de François (Lycée Condorcet, Paris)

Voyage à Izieu

Je n’ai jamais été particulièrement doué pour dire ce que je pensais de ce que je voyais, ou même pour m’exprimer à propos de sujets qui impliquent un engagement personnel.

Nous sommes arrivés là-bas le 5 mai 2009 au matin, un peu anxieux de ce que nous allions découvrir, mais pas non plus totalement abattus. On attendait de voir la maison.

L’exposition par laquelle nous avons débuté devait nous expliquer le contexte, et n’avait pour but que de nous transmettre un certain nombre de connaissances nécessaires à la compréhension de ce que nous allions voir quelques temps plus tard. Ainsi, un nombre important de panneaux concernant la situation en France et en Allemagne, ainsi que les différents contextes, y étaient entre autre exposés. Après une visite complète de «La Grange», lieu de l’exposition, nous nous sommes dirigés, avec notre guide, Pierre-Jérôme Biscarat, jusqu’à la maison proprement dît, là où ces enfants vivaient, pas vraiment cachés, mais pas vraiment libre de se montrer non plus Cette grande bâtisse était désignée comme «lieu de mémoire», par les plus habitués du site, au contraire de la place précédente, considérée, comme plus historique que mémorielle.

Une fois à l’intérieur de la maison, nous avons été libre de nous y déplacer comme bon nous semblait. Une mise en scène relativement simple qui se voulait plus représentative que réaliste nous entourait, alors que nous étions observés par les 44 portraits des enfants. Les pièces n’étaient pas complètement reproduites, et seule la mise en place des objet était respectée. Les sièges vides de la salle de classe étaient les uniques témoins de l’absence des élèves que la rafle avait provoquée. Au final, un résultat plutôt impressionnant. Pourtant, j’étais plutôt gêné. Autour de moi, tous les autres élèves de ma classe, ou la plupart, étaient tristes, parfois pleurant, alors que moi, loin de m’en moquer, je n’arrivais pas à éprouver de la douleur. J’étais impressionné, mais je n’ai pas ressenti de tristesse.

S’en est suivi la présentation d’une vidéo, nous montrant principalement les images d’archives issues du procès de Klaus Barbie, le responsable de la rafle d’Izieu. Encore une fois, la reconstitution fut plus choquante qu’autre chose et les images sont restées. Certaines personnes ont été très marquées, d’autres moins, mais au fond, je pense que chacun a pris pleinement conscience à ce moment précis, s’il ne l’avait pas déjà fait plus tôt, de la réalité de cette rafle.

Le lendemain s’est déroulé lui en deux parties. La matinée, après une marche dans les alentours du sites, nous sommes retournés à la maison, dans la salle de projection de la veille, dans le but de consulter à nouveau des images d’archives, à propos des camps d’internements français, ainsi que, plus largement, de l’antisémitisme du régime de Vichy. Elles furent expliquées une nouvelle fois par Pierre-Jérôme Biscarat. Des informations plutôt intéressante, qui m’ont permis en tout cas de porter un nouveau regard sur les systèmes d’internement présents en France à cette époque. Ceci occupa tout le matin, qui fut suivi d’un long déjeuner sur le site-même de la maison d’Izieu, avant de reprendre le car en direction de Lyon.

Arrivé au C.H.R.D. (Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation) de la ville de Lyon, nous avions pour programme la consultation de l’exposition permanente, qui traitaient directement des sujets étudiés précédemment. Ainsi, une exposition, dont la scénographie, plutôt bien réalisée, m’a permis d’élargir encore un peu plus mes connaissances de cette période de l’Histoire de France, au travers de nombreux documents, essentiellement vidéos.

Enfin, en dernier lieu, et pour clore ce voyage à Izieu, le C.H.R.D. de Lyon nous a proposé une sorte d’atelier, où, par groupe de 5 ou 6, nous devions analyser une affiche de propagande française ou allemande des années 1939-1945. Bien que cette partie fut celle m’ayant le moins intéressé, elle nous permit quand même de réfléchir sur les moyens que se donnait le gouvernement de Vichy pour tenter de convaincre la population française, et elle nous permit de plus de confronter nos idées et nos arguments, qui étaient beaucoup plus différent de ce que j’imaginais.

Ce voyage de deux jours aura finalement été plutôt bien rempli, tant au niveau du volume d’informations apprises, qu’au niveau des souvenirs et des morceaux de mémoire soulevés. Pour ma part, cette mémoire n’a pas suscité de violentes émotions, comme cela a été le cas pour certains, bien qu’une part de ma famille ait été directement concernée par ce conflit, et par la violence de l’antisémitisme des deux régimes allemands et français. J’en ai probablement tiré quelques leçon, j’en ai tiré de l’intérêt, et je pense que je me souviendrais de ce voyage, sans que les souvenirs associés m’en soient pour autant douloureux.

Quoi qu’il en soit, on peut dire que ce voyage, bien qu’un peu court selon moi, aura été plutôt bénéfique, aussi bien au niveau individuel, pour chaque élève, qu’au groupe dans son ensemble.

Merci.

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