Journal de Juillet 2011 : compte-rendu de notre séance du 10 mai 2011

N’oubliez pas que cela fut de Stephan Moszkowicz

Thème : Une visite à Auschwitz

Débatteurs : Stephan Moszkowicz et M et Mme Testyler.

La caméra de Stephan Moszkowisz nous entraîne au cœur d’un groupe d’élèves d’une classe de première dans un voyage en Pologne sur les lieux des ghettos de Varsovie et de Cracovie et des camps d’extermination d’Auschwitz-Birkenau et de Maïdanek. Les explications magistrales données par un ancien rescapé et par les guides spécialement au fait de la Shoah, les réactions bouleversées des élèves, la finesse de la réalisation, tout contribue à obéir à l’injonction de Primo Levi : “N’oubliez pas que cela fut”.

A la fin de la projection, le réalisateur prend la parole pour insister sur la nécessité d’un tel voyage pour aiguiser les consciences car, dit-il, citant Einstein : “la connaissance s’acquiert par l’expérience, tout le reste n’est que de l’information”.

Ensuite nos témoins, M et Mme Testyler, relatent leurs parcours dramatiques, Vel d’Hiv et Beaune-la-Rolande pour elle, trois ans dans des camps satellites d’Auschwitz pour lui.

Suivent les questions. Parfois très personnelles, elles abordent la difficulté à évoquer le sujet de la Shoah au sein de sa propre famille.

“Je suis à moitié autrichienne, je n’ose pas demander à ma grand’mère si elle avait été antisémite. On n’a jamais parlé de rien dans ma famille.”

“Une grande partie de ma famille a été exterminée. Ma grand’mère a été cachée dans un couvent. Elle n’en parle jamais.”

“Je suis polonaise. J’espère que tous les Polonais n’ont pas été antisémites.”

Pour Madame Testyler, il faut respecter l’attitude de chacun : certains ont besoin de parler, d’autres ont besoin de se taire, mais tous souffrent.

Beaucoup d’autres questions sont adressées à nos deux rescapés sur leur vie au quotidien dans les camps, sur leur réapprentissage de la vie après la guerre, sur leur faculté de pardon.

Monsieur Testyler évoque ses cauchemars nuit après nuit depuis son retour : il revit chaque soir son parcours dans chacun des camps qu’il a fréquentés et une question le hante : pourquoi n’a-t-il pas tenté de se révolter? Mais non, affaibli comme chacun était, il était impossible d’envisager quoique ce soit.

Un garçon demande ce qu’il en a été des Tsiganes, des homosexuels, des handicapés mentaux.

Un professeur trouve en ce film un excellent prolongement à Si c’est un homme, de Primo Levi. Elle apprécie particulièrement le message de conclusion donné par un des guides sur la nécessité de rester attentif à toute atteinte aux droits de l’homme, à tous les génocides à travers le monde.

“Oui, enchaîne le réalisateur, il ne faut jamais oublier que ce sont des hommes comme nous qui sont devenus des bourreaux, il faut savoir se faire une opinion par soi-même et savoir dire non, éteindre chaque feu qui s’allume devant nos portes, dénoncer les embryons de Shoah qui menacent les uns ou les autres à travers le monde”.

Hélène Eisenmann

 

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