Paru dans le journal d’Avril 2010

LE CAHIER
Film d’Hana Makhmalbaf
Séance du 18 mars 2010
Thème : droit des filles à l’éducation
Débattrice : Carol Mann
Dans un pauvre village d’Afghanistan une fillette de 6 ans n’a qu’un rêve : aller à l’école pour apprendre à lire. Pour cela il lui faut un cahier et un crayon mais elle n’a pas un sou pour les acheter. Alors elle essaie de vendre quatre oeufs à qui voudra, ce qui la conduit et nous avec elle, d’échoppe en échoppe au milieu d’un paysage sublime, désertique, avec les montagnes enneigées au loin; et à proximité, l’immense vide laissé par les Talibans à la place des Bouddhas géants qu’ils ont démolis en 2001.
C’est bien difficile pour une petite fille de trouver une école en Afghanistan. Et le chemin est parsemé d’embûches. Une bande de gamins s’en prend à elle. Ils jouent aux Talibans : une fillette ne doit pas aller en classe, elle ne doit pas avoir de beaux yeux, son visage doit être masqué et même, on va la lapider. Son seul vrai copain lui crie : “fait la morte, tu seras libre!”. La petite se jette au sol tandis qu’explosent une nouvelle fois les Bouddhas géants. Fin du film.
Nos jeunes élèves ont suivi avec une passion perceptible les aventures de cette merveilleuse petite actrice : le bébé dont elle a la charge, son petit voisin qui répète ses leçons à tue tête la jambe attachée à une corde pour qu’il ne se sauve pas, les trajets qu’elle effectue seule dans un environnement sauvage, les animaux domestiques, l’école en plein air où l’on vous envoie “au coin”, les jeux trop cruels, son courage face aux “Talibans”, ils comprennent tout et vibrent avec la petit héroïne.
Aussi les questions fusent, celles de base pour expliciter certains détails du film, mais aussi des questions de fond sur la réalité des Talibans, le voile, la lapidation. Et même un jeune garçon qui a tout compris se demande comment ce pays va pouvoir évoluer.
Carole Mann, sociologue qui se rend plusieurs fois par an en Afghanistan où elle agit pour la défense des femmes et la scolarisation des filles, sait canaliser les échanges pour qu’il n’y ait pas d’amalgame entre Talibans et Islam. Elle centre son intervention sur l’importance de l’éducation qui seule peut permettre à la femme d’accéder à la liberté de décider de son sort. Elle en profite pour faire passer le même message à tous ceux qui, dans la salle, auraient préféré la télé et les jeux vidéos plutôt que d’aller en classe!
Hélène Eisenmann