Thème : l’immigration
Débatteur : Bernard Jouanneau
On boit et on fume beaucoup dans ce film. Mais tout le monde est si gentil. Le gentleman clochard recueilli par l’étrangère au grand cœur, victime de son excès de tabac. Les commerçants voisins qui ferment les yeux sur les chapardages du clochard et qui l’aident à sauver un charmant jeune noir sans papiers. Caché avec une centaine d’autres dans la cale d’un bateau, il vient de débarquer au Havre. Il rêve de rejoindre sa maman qui a déjà réussi à gagner Londres. Son gentil grand-père a moins de chance : il est bouclé dans un centre de rétention.
Le chef de la police, magnifiquement interprété par Jean-Paul Darroussin, est d’un courage exemplaire : au risque de sa carrière, il va participer à la cache du jeune noir et à son évasion. Toujours là pour poursuivre délinquants, trafiquants ou autres malfrats, il se refuse à mettre la main sur un enfant dont le seul tort est d’être sans papiers.
Deux cent élèves étaient venus de tous horizons, les beaux quartiers et aussi les autres, moins favorisés, qui connaissent au quotidien les regards inquisiteurs et l’importance des papiers en règle. Ce si beau film les a profondément touchés. Ils avaient visiblement déjà beaucoup réfléchi au sujet avec leurs professeurs. Leurs questions sont précises, sur les droits et devoirs des immigrés, sur l’accueil et la défense des “sans papiers”, sur la lutte contre le racisme. Notre président, Me Bernard Jouanneau, expose avec sa clarté habituelle les lois de la République, en particulier la loi de 1972 qui vise à réprimer les incitations au racisme.
Léopold se demande comment se situe la France en Europe pour l’accueil des étrangers.
Pendant longtemps, explique Me Jouanneau, par tradition républicaine, la France était un modèle. Mais les circonstances actuelles avec la crise et le chômage ont rendu chaque pays plus circonspect. Comme l’avait déjà dit Michel Rocard, la France ne peut accueillir toute la misère du monde. Et maintenant, en Europe, la France se situe dans une triste moyenne. En 2011 il y avait eu environ 35.000 reconduites à la frontière.
Lætitia est applaudie quand elle se désole qu’on en soit encore là au XXIème siècle. Me Jouanneau l’approuve tout en rappelant les difficultés engendrées par la crise mondiale. Il note toutefois une amélioration de taille : depuis le mois de juillet dernier, aider un étranger sans papiers n’est plus considéré comme un délit. De même, l’évolution de la garde à vue qui s’appelle maintenant, pour les sans-papiers, la retenue. Elle ne dépend plus de la police mais de la justice et ne peut excéder une durée de 16 heures.
En guise de conclusion, deux adhérentes de Mémoire 2000 prennent la parole :
Marie-Claude Godon, cinéaste, a un mot d’espoir. Elle constate que, depuis une dizaine d’années, les acteurs noirs sont de plus en plus prisés, non plus dans des rôles caricaturaux, mais tout simplement comme des représentants de la France plurielle.
Joelle Saunière insiste sur le fait qu’il y a presque autant de Français à l’étranger que d’étrangers en France. Ces étrangers, pour la plupart, travaillent et paient leurs impôts. Ceci montre à quel point la France peut et doit rester une terre d’accueil.
Tonnerre d’applaudissements de la part des élèves.
Allons, soyons optimistes, la jeunesse qui monte sera là pour que la France de la Révolution redevienne un phare pour les pays d’Europe.
Hélène Eisenmann