Dans la tourmente qui agite la planète tout entière et qui semble devoir s’amplifier, on se demande quelle sera la place qui sera attribuée aux valeurs dans l’année qui vient. Les quatorze candidats recensés à ce jour pour l’élection présidentielle ne le savent sans doute pas eux-mêmes et s’efforcent malgré tout de séduire l’électorat, sans garantir l’amélioration de la situation de chacun. C’est même plutôt l’inverse qui prévaut, c’est tout juste si l’on ne se préoccupe pas plutôt dans la course à la catastrophe de percevoir l’ordre dans lequel chacun des pays de la zone euro va perdre son rang auprès des agences de notation. En se rassurant à l’avance sur l’amélioration future que connaîtra la future génération qui viendra aux affaires après les malheurs et les larmes qui vont déferler sur nous.
Les politiques rivalisent dans la détection des signes avant-coureurs de la catastrophe, et les syndicalistes n’osent même plus annoncer la reprise de la lutte. Le désespoir qu’engendre l’accélération de la crise, l’amélioration du chômage et la menace de la récession s’installent en permanence sur les écrans et la fiction n’est même plus suffisante pour nous guérir de la morosité. Que reste-t-il alors de nos valeurs, à quoi bon promettre l’égalité et le retour à la fraternité dans une société manifestement tournée vers la culture de l’angoisse personnelle et familiale ? Il faut sans doute s’attendre à ce que Stéphane Hessel pour ses 97 ans publie un nouveau pamphlet après “indignez-vous”, puis “engagez-vous ; réveillez-vous”. Il semble en effet que nous abordons une phase de sommeil de l’humanité qui fait dire à certains qu’il annonce la fin du monde, en tout cas la fin d’un monde. Rien ne sera plus comme avant et chacun s’y résigne.