Mohamed Sifaoui journaliste, écrivain et réalisateur. Il préside depuis 2015 l’association « Onze janvier ». Spécialiste de l’islam politique et du monde arabe.

Quelques uns des propos qu’il a tenus après les attentats: “Pour comprendre le fonctionnement des réseaux terroristes et djihadistes, il faut sortir de la rationalité occidentale et réfléchir selon le mode de pensée de ces gens.
Pour les djihadistes ou salafistes en général, la notion de Nation et de nationalisme est contraire à leur doctrine. Ils ne reconnaissent aucune frontière, y compris entre pays musulmans. Ils se considèrent d’abord comme des Musulmans liés par une cause précise. La notion d’Etat est inappropriée dans la bouche d’un islamiste.
L’Etat Islamique aujourd’hui n’est pas un Etat, c’est une organisation qui réunit un certain nombre de personnes venues de 83 pays, 83 nationalités différentes. E.I utilise cette ressource selon un agenda bien précis contre des cibles qu’il va désigner.
Le terrorisme n’est pas une violence gratuite, il est au service d’une idéologie qui, elle-‐même, instrumentalise une religion. Ça s’appelle l’Islamisme, le Salafisme et il faut le nommer. Les politiques n’osent pas le nommer, ce qui fait le lit du Front National qui, lui, nomme les choses, mais donne les mauvaises réponses.
Le terrorisme islamiste est composé de deux parties : la première est cette violence qui a pour objectif de punir des sociétés pour des politiques qui sont menées pour un projet de société, des valeurs. Mais le terrorisme sert aussi à imposer un projet de société qui est le leur, c’est l’idée du Califat avec tout ce que cela comporte.
Il y a des choses qui sont consubstantielles à la démocratie française, en l’occurrence la démocratie elle-‐même : chose complètement rejetée par les Salafistes. La laïcité est également un élément complètement rejeté par les Salafistes, tout comme la question des droits de l’homme au prétexte que seul Dieu accorde des droits à l’homme et que l’homme n’aurait pas le droit d’accorder des droits à son semblable.
L’égalité homme‐femme, les droits des minorités religieuses, sexuelles etc. ne sont pas plus reconnus par les Salafistes. Tout ce cursus idéologique est combattu : on est dans une guerre idéologique à laquelle il faut faire face et ne pas céder au chantage à « l’islamophobie » qui est une escroquerie intellectuelle qui vise à instaurer une sorte de délit de blasphème déguisé.
Il faut mobiliser des moyens et avoir un discours approprié face à ces gens qui tous les jours insultent la démocratie, la laïcité, les droits de l’homme et nous ne nous permettons même pas de critiquer l’idéologie que légitime et nourrit ces théories. Ce sont les valeurs universelles qui sont en jeu.”