Journal de Janvier 2014: compte-rendu de notre séance Cinéma-Débat du 17 décembre 2013

4b54936029e82UNE EXECUTION ORDINAIRE

Séance du 17 décembre 2013

Thème : Mort de Staline, la fin des illlusions

Débattrice : Sabine Dullin

Staline, dans ce film, souffre de douleurs chroniques devenues insupportables. Il a entendu parler d’une jeune femme médecin, Anna, qui a le pouvoir, par imposition des mains, de guérir les douleurs. Il la fait venir au Kremlin pour le traiter.

Pour qu’elle n’ait pas la tentation d’en parler à son mari, il lui donne l’ordre de se séparer de lui. Après réflexion, pour que la rupture soit totale et sous prétexte qu’il est juif, il l’expédie au Goulag.

Le film montre aussi le fonctionnement d’un hôpital avec l’espionnite qui y règne, chacun craignant l’autre sans pouvoir faire confiance à personne, pas même à sa secrétaire personnelle. Et, aussi, l’atmosphère dans un immeuble où le concierge épie les habitants, se mêle de leur vie privée et, au besoin, les dénonce, tout particulièrement s’ils sont juifs.

Les cinquante élèves de deux classes de 3ème ont visiblement pris intérêt à cette intrigue dont la qualité de l’interprétation est exceptionnelle, celle d’André Dussolier, tout particulièrement, dans le rôle de Staline.

Sabine Dullin, professeur des Universités, spécialiste de l’URSS  – elle est l’auteur d’une excellente Histoire de l’URSS-a su avec talent, animer le débat en suscitant les questions des élèves tout en replaçant le film dans son contexte historique : la vie au Kremlin avec Staline ; son entourage familial et son caractère ; les faits qui l’ont mené à son antisémitisme ; ses collaborateurs ; les circonstances de sa mort.

Elle détaille en particulier le caractère de Staline : fils d’un cordonnier violent et alcoolique, Staline, d’une très vive intelligence, sait jouer de son charme quand il le souhaite. Mais c’est un être profondément pervers.

Ce personnage au caractère si complexe, est plutôt cultivé. C’est un cinéphile averti. Il aime la musique classique. Il sait parler au peuple qui le vénère et qui pleurera sa mort.

L’antisémitisme de Staline : il ne s’est manifesté ouvertement que tardivement. Est-ce parce que beaucoup de juifs faisaient partie de l’élite révolutionnaire ? Entre les deux guerres, il n’était pas malvenu de parler yiddish. Pendant la guerre 39-45, des juifs américains ont participé financièrement à l’effort de guerre soviétique.

Mais dans l’immédiat après-guerre, la création d’Israël change la donne. L’idée que les juifs puissent, à leur guise, rester en URSS ou en sortir, est insupportable à Staline.

C’est le début de son acharnement contre eux : faux procès, arrestations, Goulag. En tout dernier, quelques semaines seulement avant sa mort, éclate le “complot des blouses blanches”, ces médecins d’origine juive, accusés d’avoir supprimé des membres éminents de la nomenklatura. Nombre d’entre eux seront arrêtés.

Après sa mort, les poursuites seront abandonnées et ils seront réhabilités.

Hélène Eisenmann

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