Les ingénieurs de la mort

Paru dans le journal d’avril 2010

Département technique de Topf und Söhne - Juin 1940

Ordonnée par Hitler, mise en oeuvre par Himmler… la Shoah devait être conçue techniquement. Les ingénieurs de la firme Topf & Söhne (fils) s’en chargèrent.

Leur rôle fut dévoilé vers la fin des années 1970, par un français, Jean-Claude Pressac. Initialement, il niait l’existence des chambres à gaz et l’extermination massive qui s’y déploya, d’un point de vue technique justement, et travailla quelques temps avec Faurisson. Mais en se rendant à Auschwitz encore une fois, et à l’aide de nouveau documents, il changea d’avis.
Plus tard, ses ouvrages aidèrent à la compréhension du système. Actuellement, ses travaux font l’objet d’une exposition itinérante, en ce moment au Musée Technique d’Oslo.
— Les ingénieurs de la mort approfondissent et défient nos idées sur les crimes nazis, en nous obligeant à réfléchir sur le rôle de la technique dans la société, explique le conservateur en chef, M. Ketil G. Andersen sur le site web du musée.

Topf & Söhne fut une très vieille et très respectable entreprise allemande. A l’origine une grande brasserie, mais avec une activité annexe après la Première Guerre Mondiale : la construction de fours crématoires.

Les ingénieurs acquirent une longue expérience dont bénéficièrent les SS à partir de 1939. Sans être forcément des nazis fanatiques, ils furent néanmoins des perfectionnistes extrêmes, répondant toujours aux exigences des SS. Pour ce faire, ils devaient observer eux-mêmes les premiers massacres et incinérations dans les crématoires afin de livrer des solutions plus optimales.

Plan d'une chambre à gaz, firme Topf

Jamais ils ne protestèrent contre l’usage monstrueux que les nazis firent de leurs inventions. Au contraire, sans sollicitation et de leur propre initiative, les ingénieurs de Topf & Söhne imaginèrent des installations encore plus efficaces pour l’extermination d’un nombre de gens toujours croissant. Leurs projets dépassaient de loin les exigences de la SS. Les avantages obtenus en échange étaient modestes, et ne peuvent expliquer que (très) partiellement un tel engagement.

L’exposition, conçue par des associations des camps, le Musée juif de Berlin et le Musée d’Auschwitz, démontre clairement que les ingénieurs de Topf & Söhne savaient que leur technologie était utilisée pour l’extermination de masse. Plusieurs d’entre eux conseillèrent même les SS sur la taille des fours d’Auschwitz, afin qu’elle corresponde à la capacité des chambres à gaz.

Afin de faire les vérifications nécessaires, ils restèrent dans le camp pendant plusieurs mois, et devinrent des témoins oculaires de l’horreur. Selon les conservateurs d’Oslo, ils ne furent cependant pas des nazis fanatiques, mais des “hommes ordinaires” faisant leur travail, comme le décrit Christopher Browning.

Après la guerre, les dirigeants de Topf & Söhne, tout comme les employés concernés, nièrent toute culpabilité et toute complicité de ces crimes. La SS fut désignée comme seule coupable. L’entreprise dans laquelle fut absorbée Topf & Fils à l’époque de la RDA tenta de faire endosser toute la responsabilité aux propriétaires capitalistes de l’entreprise.

— Vibeke Knoop

D’après Norsk Teknisk Museum et Wikipedia

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