Compte-rendu de notre séance du 12 novembre sur le thème du handicap intellectuel avec Quentin Daste

Le mardi 21 novembre 2024 le film Le huitième jour a été projeté au cinéma Silencio des Prés devant trois classes de 3ème et une classe de 5ème.
C’est le thème du handicap intellectuel. La trisomie 21. Dès le début, le film montre que les trisomiques voient le monde différemment, de manière très immédiate et souvent très poétique ; manière de penser très enrichissante pour les gens « normaux».

Le film montre la rencontre étonnante entre un homme et un jeune trisomique de 20 ans, orphelin et perdu. L’homme, Harry, très rigide, est enferré dans des problèmes conjugaux et sa femme qui ne veut plus qu’il voie ses enfants.

Quentin Daste répond aux questions des élèves

Le débatteur Quentin DASTE est professeur et animateur à l’association Handinamik qui accompagne, par l’intégration festive, des adultes souffrant de troubles mentaux et cognitifs (trisomie 21, autisme).
Connaissant très bien toutes les manifestations de ces handicaps, il a pu répondre aux nombreuses questions des élèves, étonnés des réactions de Georges (le personnage principal) et mêmes de certaines réactions de Harry qui n’est porteur d’aucun trouble mental ou cognitif (si ce n’est un début de dépression due à son surcroit de travail et au départ de sa femme et ses filles).

Les élèves ont remarqué toutes les différences de comportement de Georges par rapport à un garçon « normal » :

  • Georges est très sensible à la nature : l’herbe coupée qui a mal et qu’il faut caresser, il observe les fourmis dans les arbres…
  • Il n arrive pas à accepter la frustration : il se jette par terre chaque fois qu’on ne fait pas ce qu’il veut.
  • Il ne comprend pas le réel. Il s’amuse à faire des doigts d’honneur à un conducteur de camion et ne comprend pas pourquoi ça tourne mal.
  • Il ne comprend pas pourquoi sa sœur ne peut pas le prendre avec elle.
  • Il ne comprend pas pourquoi on le repousse en boîte de nuit.

Quentin DASTE : C’est à l’école et dans la vie qu’à un certain stade, les enfants apprennent ce qui est autorisé, et ce qui est défendu ou dangereux. C’est un acquis auquel ne parviennent pas forcément les trisomiques. Tout le monde se construit par mimétisme mais arriver à accepter la frustration est une capacité cognitive dont l’acquisition reste difficile.

Les élèves :

  • Harry aussi a de drôles de comportements : il casse aussi une cafetière puis un vase.
  • Il se met à quatre pattes et aboie comme un chien.

Quentin DASTE : Harry est dans un moment très difficile de sa vie, il a du mal à supporter la frustration de son amour pour ses enfants et sa femme et la rencontre avec Georges le fait évoluer : la manière qu’a Georges d’appréhender la vie lui permet de découvrir la gaieté, la nature, les émotions de la vie… le rire, mais aussi les réactions violentes et inattendues de Georges ont un impact sur ses propres réactions.

Quentin Daste lors de notre séance du 12 novembre 2024

Elève : Pourquoi les parents de Nathalie l’ont-ils reprise ?

Quentin DASTE : Ils sont riches et peuvent se permettre d’élever leur fille, ils veulent aussi la soustraire à l’influence de Georges dont elle est amoureuse ; à l’âge de l’adolescence, la sexualité est très difficile à gérer.

Quentin DASTE : Et Georges, qui pourrait s’en occuper ? 

Des élèves :

  • Sa sœur
  • Harry


Quentin DASTE: Ce qui est très vrai, c’est qu’un enfant handicapé prend beaucoup de place dans la famille ; lorsque et tant que les parents peuvent s’en occuper tout va bien mais lorsque les parents ne peuvent plus (et c’est là une grande interrogation pour eux) qui va prendre le relais ? Comme on le voit dans le film la sœur est mariée et a des enfants et sa relation avec Georges est difficile, elle est partagée entre son amour et son incapacité à le prendre en charge.

Un élève: Harry comprend qu’il est difficile de vivre avec Georges. Il veut souvent le quitter mais il s’y est attaché.

Quentin DASTE : C’est pourquoi il est très important que les associations mais aussi la société dans son ensemble les accueillent et les intègrent. Cela commence par le regard que l’on porte sur les handicapés (quel que soit le type de handicap), il ne doit ni être curieux, ni gêné, ni détourné.

Jacinthe Hirsch : Quand j’étais prof, j’intégrais un jeune trisomique et les autres l’appelaient mongole, mongolien (insulte passée dans le vocabulaire courant même pour des non-handicapés) est-ce que cela se dit toujours ?

Brouhaha dans la salle et rires…oui…


Quentin DASTE : Ces termes ne s’utilisent plus mais pour autant ils sont conscients d’être en situation de handicap.

Des élèves :

  • Georges comprend qu’il est différent, mais ne l’accepte pas. Il est très malheureux.
  • Il se sent repoussé par les adultes normaux (avec les enfants il n’y a pas de problème).
  • Il se suicide en mangeant du chocolat, il sait qu’il y est allergique…

Les élèves et leurs enseignants ont apprécié le film et le débat, mais il est déjà l’heure du retour, les classes s’en vont en remerciant chaleureusement Quentin et l’association Mémoire 2000.

Jacinthe Hirsch

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