Compte-rendu de notre séance du 19 mars 2024 sur la violence faite aux femmes

Le film se déroule après la présentation de l’association et de l’intervenante : Marie Darrieussecq, auteure de « Fabriquer une femme ».

Le débat nous a surpris par le nombre de prises de paroles chez les garçons puis par des interventions filles/garçons de plus en plus équilibrées. Il s’agit visiblement d’un sujet qui les touche et sur lequel ils osent donner leur opinion.

Après avoir présenté diverses étapes de sa vie et exposé des évènements intimes qui lui sont arrivés, Marie Darrieussecq amène les élèves à exposer leur ressenti par rapport au film.

  •  Un élève garçon: Ce film est intéressant et montre que l’on doit tout faire pour aider les femmes.
  • Un élève garçon:  La technique du citron dans le film…c’est vrai ?
  • Un élève garçon: Je suis Égyptien, c’est parfois vrai, mais j’ai aussi vu des hommes ne pas être d’accord avec ça.

Marie Darrieussecq parle alors de la difficulté de vivre sa vie de fille provinciale arrivée en ville : comment se comporter ? où regarder ? où marcher : dans l’ombre ou la lumière ? À votre avis les hommes ont-ils les mêmes problèmes ? Qu’est-ce qu’un homme ?

  • Un élève garçon: Une différence physique
  • Un élève garçon: Un homme se respecte lui-même et doit respecter les autres.
  • Un élève garçon: Pour moi un homme doit protéger sa famille financièrement et physiquement.
  • Un élève garçon: Les hommes qui font ce genre d’acte ne sont pas des hommes ; ils n’aimeraient pas quel’on fasse ça à leur mère, à leur fille… pour moi ce sont des animaux.

Marie Darrieussecq et Jacinthe Hirsch, notre présidente, ramènent le débat sur le film pour parler du statut social de chacune des femmes du film, de l’attitude de leur mari ainsi que de l’attitude de l’inspecteur Essam.

  • Une élève fille: Seba crée des bijoux elle a été agressée au cours d’un match de foot. Elle a été très déçue par son mari qui n’a pas été présent auprès d’elle après ce qui s’est passé.
  • Une élève fille: Et en plus elle voulait lui annoncer qu’elle était enceinte, et à la suite de ça, elle a fait une fausse couche dont il n’a rien su.
  • Une élève fille: Nelly est artiste humoriste et son compagnon Omar, semble la comprendre et la soutenir mais pas jusqu’au bout à cause de la famille qui s’inquiète du « qu’en dira-ton ».
  • Une élève fille: Fayza, la plus violente, se sent incomprise par tout le monde et veut mener le combat jusqu’au bout.
  • Une élève fille: Il y a aussi la femme de l’inspecteur, Magda qui meurt en donnant naissance à une fille sans avoir son mari auprès d’elle.
  • Une élève fille: Je n’ai pas compris la réaction de son mari.
  • Marie Darrieussecq: Je pense qu’il a souffert de ne pas être présent, il en a honte. La honte rejaillit sur tout le monde, sauf sur les agresseurs ; ce qui est arrivé abîme les couples.
  • Un élève garçon: Sauf le mari de Fayza qui devient lui-même un agresseur.
  • Une élève fille: Je n’ai pas compris le conflit entre Nelly et Omar.
  • Jacinthe Hirsch: À la fin c’est Omar qui va faire confiance à Nelly et l’incite à ne pas renoncer à sa plainte.
  • Une élève fille: Je voudrais revenir sur la scène avec le petit garçon qui agresse Seba parce qu’il est avec ses copains : c’est l’effet de groupe ; seul il ne l’aurait sûrement pas fait.
  • Une élève fille: J’ai beaucoup aimé le film ; je pense que c’est un problème d’éducation : les garçons ne sont pas bien éduqués.
  • Une élève fille: Au tout début du film; on voit le fils de Fayza qui regarde un film ou une publicité érotique
  • Marie Darrieussecq: Effectivement, les garçons regardent de plus en plus tôt des images qui leur font croire qu’ils doivent être performants, supérieurs aux femmes et qu’il faut cacher ses émotions. 
  • Une élève fille: L’inspecteur aussi se croit supérieur quand il s’adresse aux 3 femmes.
  • Jacinthe Hirsch : Je crois qu’il les protège en les disputant ; il trouve qu’elles prennent de gros risques qui risquent de « leur retomber dessus ». Ce n’est pas pour les humilier mais les protéger ; d’ailleurs la loi va changer à partir de ce procès parce que Nelly a accepté de porter plainte. Il est très sensible à la cause des femmes surtout à la suite de la mort de sa femme et de la naissance de sa fille.
  • Une élève fille:  C’est une histoire vraie ?
  • Jacinthe Hirsch: Oui, le film date de 2012.
    Marie Darrieussecq précise qu’elle était en Egypte à cette période-là.
  • Un élève garçon: J’ai remarqué que la mère de Nelly ne veut pas qu’elle porte plainte, mais à la fin, quand Nelly le fait quand même, sa mère est très contente.
  • Marie Darrieussecq: Ce film montre que les gens et la société évoluent ; on le voit très bien avec le mouvement #MeToo qui encourage la prise de parole des femmes sur le viol et les agressions sexuelles et qui permet aux victimes de s’exprimer sur le sujet.
  • Un élève garçon:  Est-ce qu’un garçon peut aussi être violé ?
  • Marie Darrieussecq: Statistiquement, c’est plus rare, mais bien sûr cela existe et est tout autant à condamner.

Vient ensuite un sujet qui, on le sent immédiatement reste un vrai problème pour les jeunes : à qui s’adresser si cela nous arrive à nous ou à un ou une amie ? C’est difficile d’en parler à la famille. On ne veut pas les inquiéter, leur faire de peine. On a peur d’être jugé.e. Est-ce que ça pourrait être à l’école ? Y a-t-il un endroit où s’adresser ? Si un copain ou une copine me raconte ça comme un secret comment je dois réagir ?

Jacinthe Hirsch rappelle que dans le document d’accompagnement des numéros d’appels, des associations ont été listées ; que la bonne réaction est de demander de l’aide à ces personnes compétentes qui ne jugeront pas, mais conseilleront et aideront. Marie Darrieussecq rajoute quelques façons de réagir : self défense ou sourire et humour (« A qui est cette main ? en saisissant la main de l’agresseur)… mais surtout essayer de ne pas montrer sa peur.

Lors de cette rencontre, nous avons ressenti un grand respect des jeunes entre eux.

Pour prolonger ce compte-rendu de séance, voici quelques réactions des élèves du collège Pasteur à Villejuif ; nous les remercions chaleureusement.

Arlette Weber

« J’ai bien aimé le film, les différentes histoires étaient très touchantes. J’ai aimé le contraste entre les réactions des hommes et celles des femmes. Les femmes, dans le film, sont fortes, se révoltent, s’énervent de trop subir. Alors que les hommes, pour tout problème, sont victimisés : le mari de Fayza est frustré de ne rien faire avec elle, le mari de Séba pense plus à lui et à son honneur qu’à sa femme.

« Grâce à ce film ; on comprend, en images, que la tenue ne justifie aucune agression : Fayza est voilée et on ne voit donc pas ses formes et pourtant, ça n’empêche pas des hommes de l’agresser. »

« Le film était très intéressant, riche en conseils. Grâce au film et au débat après, j’ai compris que les femmes se font souvent agresser souvent parce qu’elles ont l’air faibles et fragiles. Heureusement, que je ressemble à un garçon et que je sais me battre. Merci de nous avoir accueillis et à très bientôt j’espère. »

« Grâce à ce film ; je me suis rendue compte à quel point certains hommes sont des animaux. Avant de voir le film, je ne me rendais pas compte à quel point c’était grave et je ne savais pas que ça existait. Merci à vous car j’ai compris l’importance de dénoncer et de porter plainte ainsi que de lutter contre les agresseurs. »

« Je pense que c’est un sujet qu’on doit traiter avec beaucoup de sérieux parce que ça touche beaucoup trop de femmes. La séance après était essentielle. »

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