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Dossier pédagogique du film Timbuktu
Pourquoi Timbuktu?
Mali, juillet 2012. Un couple est lapidé pour ne pas s’être marié devant Dieu.
Abderrahmane Sissako décide de tourner le film.
« Mon rôle est d’être passeur de cette conscience collective révoltée. »
Le film «TIMBUKTU»
Une histoire magnifique, d’Abderrahmane Sissako, mêlant humour et poésie.
Récompensé au festival de Cannes, primé 11 fois, en particulier, a obtenu le César du meilleur film français et meilleur réalisateur.
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s’en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs…
Face à l’obscurantisme, un humour nuancé
La ville de Tombouctou est tombée aux mains des djihadistes. Jour après jour, sur leurs motos, armes en bandoulière, mégaphone à la main, ils exhortent la population à ne pas écouter de musique, à porter des chaussettes ou des gants… et autres diktats absurdes qui prêteraient à sourire s’ils n’attestaient pas, jusqu’au tragique, de la bêtise de ces hommes autoproclamés soldats d’un dieu qui ne pourrait pourtant, à aucun moment, cautionner toutes leurs dérives. À l’écart de cette cité assiégée, le jeune Kidane vit paisiblement avec ses parents. Une existence qui bascule le jour où son père ira se venger du pêcheur qui a tué sa vache et subira la justice expéditive des religieux extrémistes.
En soulignant l’intolérance de ces derniers et leur obstination stérile, d’une écriture à la fois perfide, satirique et lucide (savoureuse scène de ces hommes qui proscrivent le foot mais discutent des résultats de l’équipe française en Coupe du monde), Abderrahmane Sissako n’édulcore pas son propos. Bien au contraire, l’humour dont il sait faire preuve, nuancé et subtilement distillé, a, par simple effet de contraste, une vertu encore plus glaçante, encore plus inquiétante. Car il souligne l’impuissance de la communauté internationale à venir en aide à ces hommes, et surtout à ces femmes, victimes d’obscurantisme.
Sissako refuse la pesanteur du message idéologique.
Les femmes, justement. C’est à elles que Sissako rend hommage. Pour leur courage. Et leur manière obstinée de refuser de céder aux menaces. Ici, cette vendeuse de poissons qui ne veut pas porter de gants, élément vestimentaire bien peu pratique pour son commerce. Là, une autre qui refuse de céder sa fille à ce soldat qui détourne le texte coranique à son avantage pour la ravir à ses parents. Ou encore cette femme hirsute et impériale qui arpente les rues désertes et insulte farouchement ces ennemis de l’islam qui prétendent pourtant agir en son nom.
Cette audace est également celle du cinéaste. Refusant les dogmes et la pesanteur du message idéologique, Sissako ose de sublimes images de cinéma. Des moments de grâce poétique et surréaliste suspendus, que seuls la valeur de cadre, la musique, le montage, le relief sonore ainsi que le mouvement de caméra peuvent édifier. Son radicalisme n’est pas dans le discours mais dans cette conviction absolue de l’acte artistique. Oser la beauté, la dérision et le décalage surréaliste (une danse en transe montée en parallèle d’une scène de lapidation) vaut bien plus que tous les discours.
C’est affirmer le pouvoir universel du 7e art contre la terreur et la bêtise. L’art comme vecteur d’idées et d’émotions, avec cette modestie de savoir qu’un film ne change hélas rien à la situation dramatique du monde, mais qu’il peut sensibiliser, mobiliser et faire prendre conscience. C’est ainsi que Timbuktu foudroie, bouleverse, mobilise et galvanise… Un magistral moment de cinéma.
DAECH
L’Etat islamique, souvent désigné par l’acronyme arabe « DAECH », est une organisation armée terroriste islamiste, d’idéologie salafiste djihadiste, qui a proclamé le 29 juin 2014 l’instauration d’un califat sur les territoires qu’il contrôle, et souvent considéré comme proto-Etat à partir de 2015. Son essor est notamment lié aux déstabilisations géopolitiques causées par les guerres en Irak puis en Syrie.
Sa création remonte à 2006, lorsqu’Al-Qaïda en Irak forme avec cinq autres groupes djihadistes le Conseil consultatif des moudjahidine en Irak. Le 13 octobre 2006, le conseil consultatif proclame l’Etat Islamique d’Irak (en abrégé EII) lequel se considère, à partir de cette date, comme le véritable Etat Irakien.
En 2012, l’EII commence à s’étendre en Syrie et en avril 2013, il devient l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL), en arabe, littéralement « Etat Islamique en Irak et dans le Cham».
Le 29 juin 2014, l’EIIL annonce le rétablissement du califat sous le nom d’Etat Islamique dans les territoires sous son contrôle et Abou Bakr Al-Baghdadi se proclame calife, successeur de Mahomet ( !), sous le nom d’Ibrahim. Il entre alors en conflit avec Al-Qaïda et son influence s’étend à une grande partie du monde musulman avec l’allégeance de plusieurs groupes djihadistes. Les plus importants sont : Boko Haram dans le Nord-Est du Nigéria, Ansar Bait al-Maqdis dans le Sinaï égyptien et le Majilis Choura Chabab al-Islam en Libye.
L’Etat islamique est classé comme organisation terroriste par de nombreux Etats et est accusé par les Nations Unies, la ligue arabe, les Etats Unis et l’Union Européenne d’être responsable de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de nettoyage ethnique et de génocide. Il pratique également la destruction de vestiges archéologiques millénaires (ex: les bouddhas de Bâmiyân).
Depuis août 2014, une coalition internationale de 22 pays et de la Russie, interviennent militairement contre cette organisation, qui mène également des opérations meurtrières à l’extérieur des territoires sous son contrôle.
D’après l’historien Nabil Mouline, auteur de « Le Califat: histoire politique de l’Islam », les combattants de Daesh les plus idéologisés, se voient comme les élus dépositaires de la « vraie » religion, chargés de rétablir l’état califal des débuts de l’Islam. C’est ainsi qu’ils se permettent d’embrigader de nouveaux candidats pour mener la bataille finale du Bien contre le Mal! Leurs visées messianiques jouent un rôle déterminant dans le processus de socialisation des soldats. C’est une arme de propagande très efficace pour recruter des jeunes en perte de sens qui, une fois embrigadés se sentent investis d’une mission glorieuse.