C’est ce thème qui a été choisi cette année (2016) pour le concours national de la Résistance et de la Déportation. C’est aussi ce thème qui a été retenu au musée de la Résistance de Champigny.
J’y étais. La visite était commentée par le brillant Guy Krivopissko, conservateur, ainsi que par les archivistes du musée. Un bel hommage à ces résistants qui luttèrent contre l’occupant allemand, italien et l’Etat français collaborateur! Cependant, aucun de ces artistes n’était préparé à devoir affronter de tels bourreaux qui n’accordaient qu’une place à la propagande nazie et qui avaient développé des moyens exceptionnels pour détruire et contrôler toute production artistique. En effet, étaient punis de mort tout artiste, tout créateur “non conforme” à l’idéologie du 3ème Reich.
Et pourtant, en cheminant à travers les différentes salles du musée, paradoxalement, les productions graphiques, plastiques et même musicales créées en déportation sont très nombreuses, malgré la surveillance drastique exercée alors par les gardiens des prisons et camps. Autant de formes de lutte mais aussi de survies individuelles et collectives qui ont survécu au temps alors que les dessins, peintures étaient réalisés sur des supports de fortune, très fragiles et difficiles à conserver.
Le musée recèle de nombreux originaux: le poème “Liberté” de Paul Eluard, originellement appelé “Une seule pensée”, écrit en 1941 ; Francis Poulenc composera une chanson sur le même thème en 1943 (la partition est bien conservée) ; en 1942, le compositeur et chef d’orchestre Paul Paray dirige à Lyon un concert dédié à la musique française, ovationné par le public debout, entonnant La Marseillaise ! Roger Payen, arrêté en 1943, se débrouille pour produire un nombre impressionnant de dessins et peintures. Et tant d’autres artistes encore !
Bel engagement et magnifique courage que celui des résistants qui ont su protéger les œuvres des pillages des hauts dignitaires nazis, en particulier de nombreux trésors du Louvre telle La Joconde qui a été cachée dans un château de la Loire, puis mise à l’abri dans le Lot.
Une résistante, Françoise Leclerc, riche aristocrate fit fondre tous ses bijoux en or par la maison Cartier pour faire fabriquer une étoile de David, qu’elle arborait de façon provocatrice devant les officiers allemands : c’était sa manière de résister. L’étoile a été léguée au musée, il faut noter que le joaillier Cartier était contre le régime pétainiste, il a usé de sa notoriété pour aider les résistants! Un grand merci à la ville de Champigny d’avoir organisé cette belle expo.
Pour finir, je ne résiste pas à l’envie de citer l’anecdote suivante: Winston Churchill, à qui on demandait en 1940 de diviser par deux le budget de la Culture, avait répondu : Mais alors pourquoi nous battons-nous ?
Joëlle Saunière