
Le 7 avril, comme chaque année depuis 19 ans, est le jour qui inaugure les 3 mois de commémoration du Génocide des Tutsis du Rwanda de 1994. Nous étions là, à Paris, au Mur de la Paix face à l’Ecole Militaire, une poignée de fidèles pour ce rendez-vous du souvenir. Un élu régional et deux jeunes militants politiques (PS et UMP) prirent la parole tout comme les représentants associatifs. Ensuite, nous partîmes au siège de Médecin du Monde pour la veillée. La parole fut donnée aux survivants.
Le 26 avril, Ibuka organisait, comme chaque année dans le cadre des commémorations du Génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, un colloque en partenariat avec le Mémorial de la Shoah. Cette année il était consacré à : “1993 : que savait-on un an avant ?” Prirent la parole, des historiens, des professeurs, des journalistes, des écrivains… (parmi eux, J. Fredj, M. Kabanda, D. Peschanski, J.P. Chrétien, L. Saur, B. Kouchner, N. Gasana, E. Gillet, J.F Dupaquier, C. Braeckman, M. Malagardis, S. Audoin-Rouzeau, H. Dumas et R. Maison). Dafroza Gauthier qui remplaçait une des victimes rescapée qui devait prendre la parole, donna lecture de son témoignage faisant ressortir que les persécutions contre les Tutsis avaient commencé bien avant 1994.
Tous soulignèrent les manquements de la communauté internationale parmi lesquels la France, la Belgique, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’ONU … qui furent aveugles aux signes annonciateurs du génocide. Ce dernier n’a pas commencé le 7 avril ou dès le 6 au soir quelques minutes après les retombées de l’accident de l’avion présidentiel mais bien avant. En 1993, au Rwanda des associations, des acteurs de la société civile, des journaux indépendants dénonçaient les exactions, tiraient les signaux d’alarme. Ils seront parmi les victimes lors des massacres. La France était aux premières loges. Non seulement on savait ce qui allait se passer, mais, quand cela s’est passé, on n’a rien fait pour l’empêcher…ni avant, ni pendant ni après le génocide. En revanche la France a veillé au Conseil de Sécurité pour que le Tribunal Pénal International pour le Rwanda à Arusha ne puisse juger que les faits ayant eu lieu en 1994.
M. Ndoba Gasana, professeur de droit au Rwanda qui intervenait au nom de la société civile rwandaise, revendique une indemnisation pour les survivants et les proches des victimes. Mais pour l’instant on l’attend des coupables insolvables et des accusés non encore jugés. C’est pourquoi Bernard Jouanneau, au nom de Mémoire 2000, propose de s’en occuper maintenant, sans attendre le résultat des procès criminels, en sollicitant la contribution de la France, de la Belgique de l’Union Européenne et de l’ONU. Bernard Kouchner qui préside, lui répond que tout reste à faire en ce domaine.
Patrick Grocq