
Voilà bien un sujet qui me révulse: comment, 50 ans après, peut-on seulement concevoir, avoir l’impudence de “célébrer” ces funestes accords? Certes, me dira-t-on, il fallait bien y mettre fin, à cette “maudite guerre” d’Algérie. J’en suis d’accord, encore que, plus certainement, on aurait pu éviter de la faire, ce qui aurait évité à la France d’y perdre sa dignité et son âme. Si l’on avait prêté une oreille attentive à ce que répétait Camus depuis 1938 (!), si l’on avait seulement pris la peine de s’intéresser aux populations en question, et pris conscience de la réalité, peut-être aurait-on pu éviter l’explosion? Mais qui se souciait alors des Arabes et des Français d’Algérie? Qui, en métropole, savait qui ils étaient? Personne, et surtout pas nos gouvernants. Mais bon. On avait donc déjà, dans cette affaire, perdu son âme en s’abîmant dans la torture (Camus, encore lui: Chacun s’autorise du crime de l’autre pour aller plus avant), on allait à présent perdre sa dignité et son honneur dans des “accords” scandaleux: les deux parties n’ont rien fait d’autre que de se mettre d’accord sur le dos des “autres”, à savoir les Musulmans d’Algérie et ces maudits Pieds Noirs, que l’on a fini par considérer comme les principaux responsables de cette tragédie. M. Defferre, maire de Marseille, avait bien proposé de rejeter cette “racaille” à la mer, mais on n’a quand-même pas osé. Il n’empêche, l’accueil de la “mère-patrie” à ces “quelques vacanciers”, comme a pu le dire un ministre, ne fut pas des plus chaleureux (Camus toujours: et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine).
Voyons à présent ce que disaient ces accords:
—En premier lieu, fin de toute opération militaire et de toute action armée le 19 Mars 1962. Or, dès le lendemain, des dizaines de Français d’Algérie étaient enlevés et massacrés, ce à quoi l’OAS répondait évidemment par des attentats contre les Musulmans. L’armée française, toujours présente, laissait faire. Sérieux accroc dans les accords, mais qui a protesté?