SOCIETE – Alors que plusieurs pays se dotent d’un défenseur des enfants, le poste est menacé dans l’hexagone…
Drôle de coïncidence. «Le jour où j’ai appris la suppression de mon poste, j’étais en Russie pour participer à l’extension du pouvoir du défenseur des enfants, qui peut désormais intervenir dans tout le pays et plus seulement à Moscou» lâche, amère, Dominique Versini.
La nouvelle présidente du Réseau européen des défenseurs des enfants a profité de la présence de ses homologues, réunis hier à Paris, pour monter à nouveau au créneau contre la dissolution annoncée de son institution (voir ci-contre). «Il existe trente-cinq défenseurs des enfants sur le territoire du Conseil de l’Europe. L’Afrique est en train de s’en doter. La Pologne vient d’augmenter ses compétences. Et il est question qu’en France, je sois remplacée par un simple collège d’experts!» s’emporte-t-elle.
«Je ne serai pas au chômage»
Conseiller d’Etat – «je ne serai donc pas au chômage» tient-t-elle à préciser – elle pourrait être démise de ses fonctions avant la fin de son mandat, prévue en 2013. Depuis sa création en 2000, la défenseure des enfants a pourtant traité des réclamations concernant près de vingt mille mineurs. L’idée du statut du beau-parent, reprise par le gouvernement, vient d’elle. La multiplication des Maisons des adolescents découle de son rapport. En Belgique, l’activité de l’institution, évaluée à la demande du Parlement, a même été jugée «tout à fait utile et efficace».
En fait la défenseure des enfants craint de perdre en visibilité voire d’être muselée, par exemple sur l’épineuse question des mineurs étrangers, si elle passe sous la férule d’un plus large défenseur des droits. Martin Hirsch, Haut commissaire à la Jeunesse, a assuré qu’il «n’est nullement question d’affaiblir la défense des enfants», proposant la création d’un adjoint au futur Défenseur des droits, spécifiquement chargé des enfants. Ce poste existe actuellement, mais dans seulement six pays. Avec une liberté de parole et une autonomie pas toujours assurées.
Laure de Charette