« Retour » des élèves du collège Louis Blanc de Saint-Maur-des-Fossés après leur rencontre avec Ginette Kolinka lors de notre séance du 23 janvier 2024

Ginette Kolinka lors de notre rencontre du 23 janvier 2024

L’antisémitisme tue… N’oubliez pas que cela fut. 

Le mardi 23 janvier 2024, les élèves de la classe de 3ème 3 du collège Louis Blanc à Saint-Maur-des-Fossés ont eu l’extrême chance de rencontrer Madame Ginette Kolinkarescapée des camps de Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen.

Son histoire 

Ginette Kolinka a aujourd’hui 99 ans. 

Le 13 mars 1944, elle est arrêtée avec son père Léon et son jeune frère Gilbert suite à une dénonciation. 

Sa famille, parce que juive, s’était réfugiée dans le sud de la France à Avignon. 

Ginette, son père et son frère sont envoyés au camp de transit à Drancy (en banlieue parisienne) puis sont déportés vers le camp d’Auschwitz-Birkenau (en Pologne). Son père (61 ans) et son jeune frère (14 ans) sont gazés dans la chambre à gaz dès leur arrivée, car ils ne sont pas considérés comme aptes au travail. 

Ginette, qui a alors 19 ans, entre dans le camp de travaux forcés où la violence, l’humiliation, les privations sont le quotidien. Elle est affectée à différents kommandos (c’est-à-dire différents travaux de force : terrassement, construction des routes…). Elle sera ensuite déportée vers d’autres camps, celui de Bergen-Belsen et de Theresienstadt. Elle va survivre mais ne fait plus que 26 kilos à son retour en France le 6 juin 1945.

Ginette Kolinka a témoigné dans un livre « Retour à Birkenau », elle nous l’a offert et l’a dédicacé pour le CDI du collège. 

Les élèves et leur professeur racontent ce qu’ils retiennent de cette rencontre.

J’ai appris que même dans les pires moments, on peut s’en sortir mais aussi que l’on n’est jamais vraiment à l’abri. J’ai surtout appris que malgré le fait que cela se soit passé il y a longtemps, il ne faut pas oublier. Anaia

Je trouve ça hyper courageux de la part de Madame Kolinka, de raconter son histoire, de transmettre en paroles pour que personne n’oublie que cela fut. J’espère qu’elle ne fait pas de cauchemars à cause de ça. Mame Diarra

Le film « N’oubliez pas que cela fut » était très intéressant. Il nous a appris différemment ce qu’il s’est passé pendant la Shoah. Le mélange d’histoire et de ressentis d’élèves était très bien fait. Théo

Hier matin, j’ai compris que ce qui avait conduit les nazis à anéantir les Juifs n’était pas la folie ou le désespoir, mais la haine et que cette haine, elle peut revenir à tout moment contre n’importe quelle communauté, si on n’apprend pas de nos erreurs. Eden

C’est une sortie que je n’oublierai jamais. J’ai pu apprendre comment une personne se sent après avoir vécu la Deuxième Guerre mondiale. Madame Kolinka n’a pas de haine envers les Allemands d’aujourd’hui et je trouve ça vraiment incroyable. Dani

J’ai ressenti la tristesse et la souffrance dans le film, alors que je ne peux même pas imaginer quoi que ce soit de la vie d’un camp. Je ne comprends pas qu’on puisse autant haïr une population qui n’a rien demandé et infliger une souffrance pareille à un être vivant. Je ne me demande comment c’est possible de vivre après tous ces traumatismes et comment on fait pour ne pas avoir une rage folle et se venger de la pire des manières. Nicolas

L’histoire de Madame Kolinka m’a beaucoup touchée. Je pense que je n’aurais pas pu tenir à sa place. Elle est vraiment courageuse et je l’admire. J’aurais juste voulu que tout ça ne se soit jamais passé mais c’est la vie, c’est l’histoire, l’histoire de nombreux pays et qui ne doit pas être oubliée. Au final, on en retient plusieurs leçons de vie. Emma

J’ai trouvé l’ambiance très étrange et incroyable car être dans la même pièce qu’une personne qui a réussi à survivre à tout ce qu’on a vu dans le film et me dire qu’elle a été dans les camps que l’on a pu voir à l’écran, je trouve ça fou. Merci madame Kolinka, de vous être confiée et de m’avoir appris plein de choses. Sarah

Ce que Madame Kolinka a raconté me paraît irréel. C’est très dur d’imaginer la vie dans les camps. Je ne comprends pas qu’un être humain puisse faire subir autant de violences à d’autres êtres humains. Ce témoignage m’a fait me rendre compte de la chance que j’ai d’avoir ma vie, je trouve que ce genre de témoignage est historiquement et personnellement important, le film aussi était bouleversant, car je me suis mieux rendue compte des lieux grâce aux images et j’ai bien aimé qu’il y ait des parties historiques pour nous situer dans le temps. Emmy

J’ai ressenti de la joie mais aussi de la tristesse. Le film était émouvant parce qu’ils avaient une vie horrible alors qu’ils n’avaient rien fait. Mais quand j’ai vu Ginette Kolinka arriver, j’ai ressenti de la joie de voir une personne aussi âgée, et qui avait l’air aussi en forme. Merci madame Kolinka de vous être déplacée pour nous tous, ça nous touche. Alessio

C’était émouvant, mais aussi irréel, le film était super bien réalisé. Madame Kolinka est une femme très forte, elle est admirable. Timothy

À la fin de ce témoignage, la question qui m’est venue, c’est : « qu’est-ce qu’une vie réussie ? » Ginette Kolinka à différents moments de sa vie a peut-être eu la sensation ou l’idée que sa vie était finie: quand elle est arrivée à Auschwitz et que son père et son frère ont été immédiatement assassinés par les nazis ; quand elle a eu le sentiment que c’est elle qui les avait envoyés à la mort en leur disant de monter dans les camions, alors que ce sont les nazis qui sont les responsables. Elle a peut-être eu le sentiment que sa vie ne serait jamais comme avant quand elle est revenue et qu’elle ne pesait que 26 kg et qu’elle n’arrivait plus à se nourrir normalement. Elle a peut-être eu le sentiment que la vie reprenait quand ses sœurs qui avaient le goût de la vie et qui n’avaient pas été déportées, ont amené cette vie chez elle au retour des camps, ce qui l’a sauvée. Et puis aujourd’hui à 99 ans, sa vie est toujours là, et depuis de longues années, elle nous la consacre, à nous, ceux qui sommes venus après, ceux qui n’ont rien connu de tout cela, et ceux qui ont besoin de comprendre, de questionner, et notamment les plus jeunes. Elle le fait avec humour, patience, valeur, intelligence avec une juste distance et de la malice aussi. Alors sans doute c’est ça, une vie réussie, celle qui permet de mettre des mots sur l’impensable, l’inimaginable, l’inacceptable. Merci madame Kolinka. Céline Dhers, professeur histoire au collège Louis Blanc de Saint-Maur-des-Fossés

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