Compte rendu de notre séance du 14 novembre 2023

Film : Les Rascals de Jimmy Laporal-Tresor

Thème : les rixes entre bandes rivales

Notre débatteur pressenti, Hakim Djaziri était malheureusement absent à cause d’un accident de la route qui ne lui a pas permis de nous rejoindre. Nous lui souhaitons un bon rétablissement.

 Cependant, Arlette Weber et Jacinthe Hirsch se sont pliées à l’exercice avec brio.

« Les Rascals » est un film compliqué dans sa structure, on ne comprend pas bien d’emblée qui est qui. Les méchants ou les victimes ? Des enchainements de bagarres se succèdent les unes après les autres, générant des dégâts collatéraux auprès des familles et des proches. Le pré-générique présente une bagarre qui se déroule 7 ans avant l’action du film, un jeune est roué de coups par un plus grand. Ce jeune et ses amis forment, 7 ans plus tard, la bande des Rascals qui arborent fièrement leur blouson siglé et il se vengera de cette première humiliation en rouant de coups son agresseur. 

Arlette Weber demande si quelqu’un a repéré l’époque où se situe l’action. Un élève propose 1984 après une ou deux erreurs. Arlette Weber précise que la 1ère scène se situe 7 ans avant. 

À la question : Quels personnages avez-vous le plus aimé, le plus détesté ? Deux élèves répondent: « Pour ma part, j’ai aimé Rico, le chef des Rascals » tandis que l’autre élève a préféré « Rudy, l’oncle du petit Michel »… 

Un autre élève ne comprend pas la grand-mère de Michel, le petit antillais qui veut s’en sortir. Cette mère est trop sévère, elle se permet de battre son fils sans essayer de le comprendre et cependant, on sent qu’elle est inquiète et voudrait qu’il s’en sorte.

En effet, ce film présente 2 destins opposés : Rudy se trouve mêlé à la violence et aux excès de la bande des Rascals alors qu’il n’aspire qu’à s’en sortir vers le haut.

Tandis que Fred, la jeune fille à l’avenir bien tracé dans la faculté de droit d’Assas dont le frère est tabassé brutalement, se rapproche des skins et gâche son avenir par esprit de vengeance.

Arlette Weber : connaissez-vous des films qui traitent de ce sujet ?

Curieusement, beaucoup de réponses d’élèves : « La haine », « Banlieusards », « Les misérables », « Bac nord » etc.

Arlette Weber ajoute, pour montrer que ces bandes rivales ont malheureusement toujours existé: « West Side Story » (bandes rivales racistes), « La guerre des boutons » (bandes rivales de deux villages voisins), « Roméo et Juliette » (2 familles opposées).

Jacinthe Hirsch :  Que pensez-vous de l’attitude de la sœur qui veut porter plainte pour son frère agressé ?

Réponse d’un élève : « son frère l’empêche car il veut défendre son honneur, « ça se règlera dans la rue », dit-il, et du coup, la sœur se replie vers le clan des skinheads. Une scène montre aux informations le discours appuyé du théoricien, le professeur d’Assas, qui a aiguillé Frédérique vers le groupe nazi. Il assène les clichés habituels : « c’est la faute des immigrés si la France va si mal ».

En effet, fait remarquer Jacinthe Hirsch , beaucoup de clichés, de préjugés racistes, on se traite de bougnoule, tous les arabes sont des…tous les noirs sont des… sans discernement aucun. 

Une élève fait remarquer que le rôle des filles est mineur ou terriblement cliché : elles servent d’appât, organisent des guet-apens, elles ne se battent pas, elles sont davantage dans la communication et la drague, tandis que les garçons ont un point d’honneur à défendre en montrant leur supériorité par leur force virile.

Un garçon réagit : « Oui, peut-être trop de clichés, mais les problèmes de bandes rivales existent actuellement dans tous les lycées. »

Arlette Weber :  « Justement, pouvez-vous expliquer ce que vous appelez « une bande » ?

Une élève : « On s’identifie autour de valeurs communes ou bien la bande naît très tôt avec l’amitié entre potes. »

Un élève : « Un autre exemple : les Black dragons est une bande qui lutte contre les skins. Rudy tente en vain de trouver du travail, finalement, il pense à s’engager dans l’armée, mais à chaque fois, il est rattrapé par la bande. La dernière scène est terrible car Rudy venge son neveu en tuant la jeune fille qui a battu à mort le petit Michel. Nous sommes en plein dans le registre de la vengeance encore une fois. »

Jacinthe Hirsch : « Au niveau du langage, entre le langage très familier et grossier des bandes et la langue soutenue, comment s’exprime Rudy lorsqu’il cherche du travail ? »

Un élève : « Rudy utilise un langage assez soutenu lorsqu’il parle avec les entreprises sensées lui offrir un travail, tandis que ses « potes » parlent tantôt créole, louchébem ou le verlan. Malgré son langage soigné ses recherches d’emploi n’aboutissent jamais. Il est refusé partout. »

Actuellement, fait remarquer Arlette Weber, le phénomène de « bandes » est amplifié à cause des réseaux sociaux dont il faut se méfier comme de la peste !

Enfin, Arlette Weber conseille vivement aux enseignants, la lecture d’un livre de Thomas Reverdy, Le grand secours où il est question d’une altercation dans un lycée qui enfle au point de se transformer en émeute. Chaque élève devra réinventer le sens de sa liberté.

Peut-être qu’aujourd’hui, les élèves auront compris que la violence n’était pas la panacée pour régler les conflits. Les mots, la communication, l’écoute de l’autre et la main tendue sont tellement plus efficients comme dans la scène de réconciliation si importante dans le film mais oubliée dans la discussion. 

Joëlle Saunière

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