Ainsi donc, les élections présidentielles de novembre 2020 vont se dérouler dans un contexte de vie sociale, économique et politique désastreux, encore aggravé par une pandémie pratiquement universelle qui noircit sérieusement le tableau.
Un tableau plutôt catastrophique, car, de quelque côté que l’on se tourne, le visage offert par les Etats-Unis est rien moins que déplorable : près de 30 millions de chômeurs, des files interminables aux banques alimentaires, croissance explosive du sentiment anti-capitaliste, avec radicalisation de masse de la classe ouvrière, tout cela dans un climat de violence policière et de racisme anti-noir. On prête de l’argent à des taux toujours plus bas, mais la dette ne cesse de grossir, des millions de personnes réduisent leurs dépenses alimentaires, mais Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, a presque doublé sa richesse depuis le début de l’année, ce brave homme “valant” aujourd’hui 200 milliards de dollars. Et pour couronner ce tableau catastrophique, le bilan de la pandémie aux US dépasse les 200.000 morts….Quelques timides critiques des violences policières, de la compassion, mais pas trop, pour les chômeurs, une augmentation sérieuse des dépenses militaires, avec les patrouilles frontalières chères à Trump. Avec cela, un nouveau décret anti-immigration et un retrait de l’accord de Paris sur le climat signé par 196 pays…
Sur l’autre plateau de l’échiquier politique, les démocrates sont d’une discrétion pathétique, si bien que pour barrer la route à Trump, le tableau est loin d’être réjouissant : le démocrate Bernie Sanders a vite renoncé, même s’il pouvait apparaître comme vainqueur sur le plan des idées. Revient alors à la surface ce bon vieux Joe Biden, ancien vice-président de Barak Obama, âgé quand-même de 77 ans ! Certes, il fait de son mieux, mais paraît tout de même assez limité, malgré l’appui appréciable de son bras droit, Kamila Harris. Rien de très révolutionnaire en plus dans son programme : plus grand accès aux études supérieures pour les classes défavorisées, suppression des dettes étudiantes pour les faibles revenus et les classes moyennes, extension du programme fédéral de couverture santé Medicare en abaissant le seuil d’éligibilité de 65 à 60 ans. On a peine à croire que cela soit suffisant pour déboulonner le bulldozer vulgaire aux cheveux d’or…Sans parler de la politique étrangère, qui n’est vraiment pas le point fort des deux candidats…
Vu de chez nous, ce scrutin présidentiel appelle bien des considérations, en majorité des déceptions et des regrets. Pour la plupart des pays européens, les Etats-Unis d’Amérique, comme on disait alors, c’était le combat pour la liberté, le coup de main décisif des GI pour vaincre les nazis et les cocos, l’appel à la libération et à l’indépendance des pays colonisés, le combat pour les droits de l’homme. Et puis, hélas, le vaisseau américain a chaviré, et nous eûmes les guerres stupides en Afghanistan, au Vietnam, en Irak, avec des conséquences désastreuses pour toute l’humanité. Un sursaut plein d’espoir avec Obama mais le soufflé est hélas retombé, et cette Amérique est devenue désespérante. C’est pourquoi, en souvenir de son passé brillant, et même si l’on n’y croit pas trop, on se doit quand-même d’espérer un sursaut salutaire des Américains pour renvoyer à ses palaces dorés le sinistre et répugnant personnage qui ne peut qu’inspirer le dégoût dans nos populations européennes. Alors, va pour Biden, même si ce n’est qu’un pis-aller… Bien sûr, on ne choisit pas toujours ses amis, mais parfois, on aimerait bien…
Guy Zerhat