L’association Mémoire 2000 a été invitée à la cérémonie de remise des prix aux lauréats.
Cette année, le thème retenu était : “Répressions et déportations en France et en Europe – 1935-1945 – espaces et histoire“.
C’est sous la présidence de Laurent Prévost, préfet du Val de Marne, Christian Favier, président du Conseil départemental et Guylène Mouquet-Burtin, directrice académique de l’Education nationale du Val de Marne, que le palmarès a été dévoilé le 29 mai dernier.
Vingt sept collèges et lycées ont concouru (550 élèves).
Quatre catégories : devoirs individuels catégorie lycées, catégorie collèges, devoirs collectifs série lycées, série collèges.
Les quatre premiers prix ont pris la parole pour remercier et exprimer ce que ce concours leur avait apporté. Nous avons choisi de transmettre le texte du premier prix des collèges qui nous a tous bouleversé et qui résume en quelque sorte l’intérêt d’un tel travail :

« Mesdames et Messieurs,
Je m’appelle Aminata Diallo et je suis élève de troisième au collège Janusz Korczsak que je représente aujourd’hui. Participer à la remise des prix du concours national de la Résistance et de la Déportation est pour moi un grand honneur et je vous remercie de m’avoir primée.
Je me suis tout d’abord engagée dans ce concours afin de compléter mon parcours citoyen et d’enrichir mes connaissances. Au fur et à mesure du temps, j’y ai accordé de plus en plus d’importance. En effet, au-delà d’un devoir, j’y ai vu une source de mémoire et le moyen de rendre hommage à ces personnes: aux hommes, aux femmes, aux vieillards, aux enfants, peu importe leurs origines ou leurs convictions politiques, à ceux qui se sont battus et à ceux qui ont péri pour leurs droits, aux victimes de la barbarie. D’ailleurs, notre collège lui-même rend hommage à l’une de ces personnes puisqu’il porte le nom d’un pédagogue polonais: Janusz Korczak. Il s’occupait d’un orphelinat et il n’a jamais abandonné ses enfants en les accompagnant jusque dans le four crématoire de Treblinka.
Au travers de ce concours, j’ai appris que malgré les années qui passent, cette époque de notre histoire ne doit pas être oubliée et qu’il est important de continuer, encore aujourd’hui, de rendre hommage à ces personnes, pour à notre tour, être porteur de mémoire, car malheureusement les derniers survivants s’éteignent
De plus, grâce à ce concours, j’ai compris que les valeurs républicaines de notre pays sont encore plus fortes, parce que des gens ont perdu la vie pour les recouvrer et les préserver. A l’heure où le temps était à la défaite et à l’occupation, des gens eux, ont su trouver les mots pour en faire une véritable révolution. Ils ont su soulever notre pays quand il était au plus bas, ils ont su conserver la flamme eux, ces étrangers que notre propre pays, basculé dans la folie, avait pour ambition d’éteindre. Ce combat, celui des résistants, restera pour moi l’une des meilleures choses que m’a appris ce concours.
Mais il y a également autre chose que ce concours veut préserver, c’est l’histoire de la déportation. La déportation est un événement qui m’a particulièrement bouleversée: être séparé de sa famille, être amené dans une région lointaine à cause de ses origines ou de ses convictions, est quelque chose d’atroce, d’horrible et d’inimaginable. Ce sont les premiers mots qui me sont venus à l’esprit lorsque j’ai compris ce qu’était réellement la déportation.
La déportation des juifs, leurs souffrances ont été pour moi une source d’émotion indescriptible, mais tout ceci s’est bel et bien déroulé dans notre histoire et sur notre sol. C’est pour cela que l’on ne doit pas oublier et par conséquent, pour moi, ce concours a lieu d’être et j’espère que le combat que vous menez afin de préserver cette histoire, ne soit jamais remis en cause.
Ce concours a été pour moi une véritable découverte et je remercie mon collège qui m’a permis d’y participer et mes professeurs qui m’ont donné les clés et les enseignements nécessaires afin de ne pas oublier et d’être parmi vous aujourd’hui.
Pour finir, j’aimerais partager avec vous le poème que j’ai écrit pour participer au concours dans l’épreuve collective. »
Une existence dans le silence, par Aminata Diallo
» Le train avançait
Et les vies s’éteignaient
A son bord des ignorants
Ainsi que des enfants
Femmes, hommes et vieillards
Dans la nuit et le brouillard
A peine arrivés
Des corps à trier, à brûler
Leurs proches partaient
jamais ne revenaient
Leurs espoirs aussi allaient au feu
A l’arrivée du convoi des 45 000 malheureux.
A peine arrivés, leurs cheveux étaient rasés
A peine arrivés, ils étaient déjà humiliés
L’effroi s’emparait lentement de leurs coeurs
Ils ne comptaient désormais plus les heures
Le vide, c’est ce qu’on voyait dans leurs yeux.
C’était désormais la nouvelle vie qui s’offrait à eux.
Ils n’étaient plus que des nombres
Ils n’étaient plus que des ombres
Des petits corps nus
A l’humanité perdue
Des esclaves et du bétail
Qui arrivaient par rail.
La souffrance était devenue leur quotidien
Ils n’avaient dorénavant plus aucun bien
Ils n’avaient désormais plus aucune émotion
Ils ne pouvaient que vivre cette répression
La douleur, la peur, les violences des Kapos
Les SS et les chiens qui leur marquaient la peau.
Dans cet enfer, combien d’hommes avaient péri?
Dans cet enfer, combien de femmes avaient subi?
Combien de litres de sang avait-on laissé couler?
Combien de larmes avait-on laissé s’échapper?
Les Hommes avaient-ils réalisé ce qu’ils avaient laissé se produire?
Les Hommes avaient-ils compris
Que ces gens étaient en train de mourir?
Que ceux qui oublient, soient à jamais maudits
Que ceux qui ignorent, soient à jamais punis
Cette histoire est vraie, nous en faisons le serment
Maintenant accomplissez votre devoir et faites votre jugement
Et quand vos enfants vous demanderont ce qui s’est passé là-bas,
Répondez ! Et dites leur ce qu’était la Shoah. «
Aminata Diallo,
Elève de troisième au collège Janusz Korczsak
Premier prix ex aequo 2019 du Concours national de la Résistance et de la Déportation
Le thème retenu pour l’année prochaine 2019/2020 sera :
“Entrer en résistance : comprendre, refuser, résister “.
Souhaitons une longue vie à ce concours !
Joëlle Saunière
Arlette Weber