
Lundi 27 mai 2019, par un crachin automnal, avec 25 élèves du collège Lucie Aubrac de Champigny-sur-Marne et leurs professeurs de français et d’histoire, nous arrivons à Pithiviers pour découvrir le camp de rétention de la rafle des billets verts. 14 mai 1941, 1ère rafle de juifs en France : la rafle du “billet vert”. A Paris des milliers de juifs étrangers reçoivent une convocation, de couleur verte, pour les inviter à se rendre le lendemain matin “pour examen de leur situation”. Persuadés qu’il s’agissait d’une simple formalité, ils s’y rendent, confiants et sont immédiatement arrêtés et transportés dans les camps du Loiret : Pithiviers et Beaune la Rolande.

Notre guide du Cercil, (Le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement du Loiret ou Cercil est une association loi de 1901 qui siège à Orléans dans le département du Loiret et la région Centre-Val de Loire. L’association perpétue la mémoire des camps d’internement de Beaune-la-Rolande, de Jargeau et de Pithiviers) nous attend devant la gare avec un caddie plein de photos. C’est une véritable course d’orientation qui commence sous la pluie pour trouver le camp. À l’aide des repérages pris par les élèves nous refaisons le trajet suivi par les 1700 hommes arrivés le 14 mai 1941. Mais… nous ne verrons rien du camp. En 1947, le camp de Pithiviers fut totalement démantelé. Les “baraques” ont été vendues aux enchères, achetées par des cultivateurs, des paysans, des carrossiers etc…comme s’il fallait effacer les preuves d’une honte absolue, gommer les stigmates de l’histoire…Chaque baraque en bois mesure 180m2. Dans chaque baraque une centaine d’hommes dorment sur des châlits. Fin 1941 on compte 18 baraques à Pithiviers.
Les élèves ne semblent pas trop déçus car durant le trajet à travers les photos, les explications ils ont réussi à s’imaginer les faits qui se sont déroulés sur ce lieu de “mémoire”.

Ils ont appris également à “lire les images” et ils ont vu comment une photo redécoupée peut devenir une image de propagande pour les allemands et/ou le régime de Vichy.
À la fin du circuit nous passons devant des stèles (érigées en 1992, grâce au CERCIL), porteuses des noms des enfants arrivés à Pithiviers, dans un second temps, suite à la rafle du Vel d’hiv. Notre guide demande à chacun de retenir un nom et prénom d’enfant, certains utilisent leur mémoire, d’autres un papier, la majorité leur téléphone portable.
Après un rapide pique-nique à Orléans nous nous rendons au Musée-Mémorial des enfants du Vel d’hiv où nous découvrons une partie de baraque et où nous recevons un complément d’informations par rapport à la matinée.
Dans la partie “Mémoire” les élèves retrouvent avec beaucoup d’émotion la photo de l’enfant dont ils ont mémorisé le nom et le prénom.
L’atelier mémoire peut alors commencer. Des dossiers sont remis aux élèves qui par groupes de deux ou trois doivent rechercher dans les documents historiques proposés, la réponse aux questions.
À notre grand étonnement, les élèves ont bien retenu et intégré la douleur des familles déportées et avec beaucoup de sérieux se sont prêtés à l’exercice en posant des questions très pertinentes à l’animatrice.
Un grand merci à notre conférencière très pédagogue bien documentée qui, malgré la pluie a su captiver les collégiens.
Arlette Weber et Joëlle Saunière