ll est difficile de se réjouir de la mort d’un homme. Mais, il faut bien l’avouer, il y a certaines morts qui rendent moins tristes que d’autres…
En tout cas, concernant la disparition, en octobre, à Vichy (!), de Robert Faurisson, je dois confesser qu’aucune larme n’est venue embuer mon regard.
Pour Mémoire 2000, Robert Faurisson est une vieille connaissance. Davantage même : un vieil adversaire que Bernard Jouanneau n’a cessé de combattre. On se souvient notamment des 12 mars et 12 avril 2007 où eurent lieu devant la 17e Chambre du tribunal correctionnel de Paris les débats de ce qui aura probablement été le tout dernier grand procès du négationnisme.
À l’origine, une plainte en diffamation de Robert Faurisson contre Robert Badinter qui l’avait traité, sur la chaîne “Arte”, de “faussaire de l’histoire”. Bernard Jouanneau est un des avocats de Robert Badinter. Il dira, après le procès, en conclusion de son éditorial du N°53 de notre journal : “Tant de haine et tant d’antisémitisme révèlent s’il en était encore besoin, le vrai visage de ceux qui prétendent encore être à la recherche de la vérité désireux d’apporter au monde la bonne nouvelle du siècle : celle du mensonge des juifs!?”
Le jugement, rendu le 21 mai, a débouté Faurisson de sa plainte. Il n’a pas fait appel.
Pour rappel : Faurisson, figure emblématique du négationnisme dont il est inutile de rappeler les arguments aussi ignobles que fallacieux, est venu grossir les rangs des Rassinier et autres Bardèche. À la fin des années 1970, il accède à la célébrité à travers une série de scandales médiatiques et de procès en raison de sa négation du génocide juif.
A partir des années 1980, il devient en France une icône des négationnismes d’extrême droite et de l’ultragauche, incarnée par Pierre Guillaume, fondateur de la librairie “La vieille taupe”, antre du négationnisme de gauche, devant lequelle (je m’en souviens encore) nous nous réunissions une fois par semaine, pour exprimer notre dégoût.
Plusieurs fois condamné, Faurisson n’ a cessé d’utiliser les tribunaux comme “tribune pour s’adresser à son public qui ne se lasse pas de l’entendre ressasser le même discours”, écrivait Bernard Jouanneau.
Dans les années 2000, une “nouvelle nébuleuse” se constitue autour de Faurisson pour relayer la propagande, avec en particulier l’humoriste Dieudonné. Pour Valérie Igounet, historienne spécialiste du négationnisme en France, “le point de ralliement de ces hommes est un “antisionisme” radical, paravent d’un antisémitisme déguisé, qui trouve son aboutissement discursif dans le négationnisme”.
Toujours dans ces années, il inspire une partie de l’antisionisme en Occident comme dans le monde arabo-musulman. Proche des milieux d’extrême-droite, voire néo-nazis, il est condamné à plusieurs reprises pour “incitation à la haine raciale” et “contestation de crime contre l’humanité”…
On le voit, jusqu’au bout, Faurisson n’aura jamais cessé de propager la haine…
Il est mort, certes, mais il a laissé de nombreux émules et le négationnisme avec l’émergence des réseaux sociaux, se porte à merveille…
Le combat est donc loin d’être terminé et la voix de Bernard Jouanneau, fera, hélas, défaut…
Lison Benzaquen