Du plus loin qu’il m’en souvienne, c’est à dire 1992, date de la création de Mémoire 2000, et même avant, à la Fédération de Paris de la LICRA, à chaque fois que nous avons voulu évoquer, à l’aide d’une séance de cinéma, le génocide des Arméniens, dont il faut rappeler qu’il a fait près d’un million et demi de victimes, nous nous sommes heurtés à une indifférence totale et n’avons jamais pu débattre, avec des élèves, de ce sujet.
Cette année encore, après la mort de Charles Aznavour, alors que l’on évoquait sans cesse ses origines arméniennes et son engagement pour la reconnaissance du génocide, nous avons pensé que ce serait là une opportunité pour rappeler aux jeunes, sinon le premier génocide du XX° siècle, du moins, le plus contesté et oublié. Hélas, cette fois encore il nous a fallu renoncer, faute de participants.
Pourquoi ? C’est incompréhensible, sauf à penser que les Turcs ont réussi “leur coup”, eux qui depuis la perpétuation de ce crime ont tout fait pour essayer de démontrer que non seulement il n’y a pas eu génocide, mais que tout ce qui s’est passé en 1915, était du à la trahison des Arméniens.
Il y a eu aussi la lenteur des pays à reconnaître ce génocide. D’ailleurs seuls les Parlements d’une vingtaine de pays ont voté des lois, résolutions ou motions reconnaissant le génocide. Mais ces votes ne sont pas toujours contraignants car ils émanent parfois d’une des chambres du Parlement avec laquelle les gouvernements peuvent prendre leur distance et qui ont des portées juridiques très diverses.
En dehors de ces considérations politiques et juridiques complexes, qu’en est-il du simple citoyen? La mémoire des crimes contre l’humanité ne doit pas être sélective et nos jeunes ont le droit et le devoir de connaître l’histoire du monde. Il incombe aux professeurs de permettre à leurs élèves d’accéder à ces connaissances…
On ne peut évoquer le génocide arménien sans avoir une pensée pour Bernard Jouanneau qui, durant de très nombreuses années, a beaucoup œuvré avec conviction et talent pour la cause arménienne, notamment contre le négationnisme, sans jamais ménager sa peine.
Lison Benzaquen