Notre amie Nitsa Lew, compagne de longue date de Mémoire 2000, nous a envoyé ce joli et émouvant texte que nous tenons à vous faire partager.
« Dans les années quarante, ils se parlaient en yiddish,
L’ombre de Vilno ou de Warshé planait dans la maison,
Nous, les petits, on répondait en Français.
A Paris, sous les lois anti-juives qui régnaient,
Il était temps de fuir ou de se rendre à la raison.
Va-t’en Papa. Cache nous Maman.
Pourtant, devant nos fenêtres, voguaient les péniches.
La Seine, les bouquinistes, le Pont-Neuf et les amants,
Tous s’en foutaient, et à Notre-Dame l’on priait
Comme si de rien n’était. Moi, je m’imprégnais.
Plus tard, à l’école, quand on m’y envoyait,
Je ne jouais, ni ne parlais, mais surtout je lisais.
C’est ça qui m’a sauvée, qui m’a ouvert la ronde.
Comprendre, au-delà du Mal, la Beauté et le Monde.
Tant de souvenirs me reviennent, que je veux les dire
Aux autres et aux miens, ceux que je n’ai pu aimer,
Ni venger, ni consoler… Et pour ne pas en mourir. »
Nitsa Régine Lew