Journal d’Avril 2018 : notre séance-débat sur La controverse de Valladolid

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Séance du 13 février 2018

Thème : Les droits de l’homme

Débatteur : Kiko Herrero

 

 

 

 

 

 

 

60 élèves de 2nde et 13 élèves de classes d’accueil, ont vu ce film qui présente le débat sur la qualité de l’âme des indiens et la possibilité de les torturer et de les asservir au nom du Christ. Film difficile : pas d’action, dialogue à huis clos dans un monastère, lors de la conquête du Mexique mais loin des aztèques et des combats.

Kiko Herrero, écrivain espagnol, anime les échanges. Avant la séance nous nous demandons comment les élèves supporteront les déclarations du légat du pape qui clôt le débat en installant la légitimité du commerce des esclaves venus d’Afrique : “S’il est clair que les indiens ont une âme, il est sûr que les habitants des contrées africaines sont bien plus proches de l’animal. Ces habitants sont noirs et frustes, ils ignorent toute forme d’art. Ils ont toujours été soumis et domestiqués.” Paroles insoutenables devant notre public même en les remettant dans le contexte de cette controverse du XVI° siècle. Pour ouvrir le débat, nous demandons si quelqu’un se souvient de la dernière image.

Un garçon : Oui, un esclave invisible qui vient balayer la salle après le départ de tout le monde.

En effet, après le départ des protagonistes, la salle reste vide. Face à face, la statue Inca et le Christ. Entre alors un balayeur aux yeux baissés. Il est noir. Les élèves comprennent le choix du réalisateur de faire apparaître l’esclave en conclusion. Une élève demande : Est-ce que ça s’est passé comme ça, la Controverse de Valladolid ?”

Kiko : Cette controverse a bien eu lieu, mais pas sous cette forme, en trois jours et dans un monastère, cela a pris plusieurs années, cela s’est fait par courriers. C’est le talent du scénariste d’avoir condensé l’action en trois jours.

Un élève : L’homme en rouge a dit que les noirs n’ont pas d’âme.

Kiko : Oui, à cette époque, pour les noirs, on ne se posait même pas la question. Pour la valeur de l’âme des indiens, c’est le sujet de la controverse, le film y consacre une heure trente. Pour la question de l’âme des africains, c’est réglé en une minute. La principale préoccupation c’est l’argent : comment avoir suffisamment d’esclaves pour travailler dans les mines, pour exploiter les cultures. On ne peut plus exploiter les indiens, on installe le commerce des esclaves à partir de l’Afrique. C’est l’état d’ignorance de cette époque où l’on dit “les africains sont nés pour être esclaves“.

Une professeure : Attention à ne pas moraliser le débat, ce serait un anachronisme de juger les personnages avec notre regard du XXI° siècle.

On demande ensuite quelles preuves le légat du pape utilise pour établir la valeur de l’âme des indiens. Les élèves notent le rire : les indiens n’ont pas ri en présence des bouffons mais rient lorsque le légat du Pape trébuche. Ils citent aussi le bébé arraché aux bras de sa mère, menacé de mort devant sa mère horrifiée. Une fille se souvient de l’idole aztèque cassée à coups de masse pour faire réagir les indiens. Les étapes de la démonstration sont saisies.

Guy Zerhat note : ce film doit nous rendre très modestes, chrétiens, juifs et musulmans ont participé à l’esclavage.

Kiko Herrero : Et actuellement, on continue à juger les gens pour une appartenance raciale ou religieuse. La controverse de Valladolid, c’est la question de l’Autre, du regard porté sur l’Autre. Qui est le barbare ?

Quelles traces laissera cette séance ? Nous parions, comme toujours, que cette réflexion, poursuivie dans les classes, contribue à bousculer les préjugés.

 

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