
Ceija Stojka est une artiste rom autrichienne déportée à dix ans avec sa famille. Elle survit à Auschwitz, Ravensbrück puis Bergen-Belsen. Après la libération des camps, elle rejoint Vienne avec sa mère. 40 ans après, grâce à la rencontre avec Karin Berger, chercheuse et documentariste, elle commence à écrire puis à peindre.
Autodidacte, première voix féminine à évoquer le génocide des Roms en Autriche elle ne cesse plus d’écrire et de peindre. Après être entrée dans un processus mémoriel où cohabitent ses souvenirs et les connaissances d’adulte. 90% des Roms d’Autriche ont disparu dans ce génocide mais peu de témoignages existent dans cette culture à tradition orale.
Elle peint la vie d’avant, en roulotte, à travers la campagne. Puis la traque, la déportation les camps, ses peintures sombres. Ses peintures claires très colorées évoquent le retour à la vie, les champs de tournesol, la nature vivante et protectrice et les statues de la Vierge car sa foi l’a aidée à survivre. Les corbeaux aussi, intercesseurs entre les morts et les vivants battent des ailes dans ses images souvenirs. La Maison Rouge présente cent cinquante œuvres et un film documentaire sur cette artiste encore inconnue à Paris.
Jacinthe Hirsch