Depuis plusieurs mois, journalistes et commentateurs politiques nous affirment que DAESH a perdu le combat en Syrie et en Irak. Voilà qui ne peut que nous ravir. En même temps, ces mêmes commentateurs nous annoncent le retour sur notre territoire de nombreux Françaises, Français, hommes, femmes et enfants combattant dans les rangs de DAESH. Ce qui est moins réjouissant.
Il s’agit généralement de mineurs radicalisés partis seuls, d’enfants de djihadistes embrigadés par l’EI comme combattants en tant que “lionceaux du califat”, de femmes et d’épouses radicalisées, ou enfin d’enfants nés sur place. Il va bien falloir s’occuper de tout ce monde…Et rien ne sera facile, car nous sommes là devant une situation entièrement nouvelle, mais que l’on aurait dû prévoir. On nous dit que 450 enfants de parents français, enrôlés de force ou avec la bénédiction de leurs parents djihadistes, pourraient constituer à leur retour de véritables “bombes à retardement” : tous ont appris à tirer à la kalachnikov, à poser des bombes, ont été éduqués à égorger, à décapiter et à tuer. De plus, l’Etat Islamique recrute largement sur Internet, en publiant des vidéos mettant en scène des préados (vive le Net !).
Selon les déclarations officielles, depuis 2014, ce sont environ 1700 Français qui sont partis rejoindre les zones djihadistes. 278 (sans doute beaucoup plus) seraient morts, 302 seraient revenus en France, dont 66 femmes et 58 mineurs.
Bien évidemment, le retour en France de tous ces combattants constitue une préoccupation majeure pour nos gouvernants, car l’Etat est tout de même en charge de la protection et de la sécurité des Françaises et des Français. Alors, comment concilier ces 2 problèmes, ces 2 obligations ? Bien évidemment, des idées circulent, des projets se font jour. On nous dit que ceux qui reviennent seront incarcérés et jugés, car beaucoup de crimes leur sont imputés. Certains seront jugés avec leur famille dans les pays où ils se trouvent, en particulier en Irak. Pour les femmes et les enfants, ce sera “au cas par cas”, selon les pays ou la situation. De colossales erreurs seront à éviter, comme la création de “structures de déradicalisation”, dont la première a dû fermer avant de servir !
De toute évidence, le cas des enfants pose un problème épineux. Une prise en main psychologique et psychiatrique s’impose, et certains professionnels ont alerté les pouvoirs publics sur le cas angoissant de ces préados en perdition, notamment le psychanalyste Fethi Benslamah qui décrit ces ados ultra-radicalisés, se vivant comme des “surmusulmans”, persuadés de la justesse et de la noblesse de leur cause et rêvant de faire couler le sang pour arriver à leurs fins.
Comme l’indique le Procureur de Paris, “il faut se départir de toute naïveté concernant les djihadistes et les membres de leur famille dans les zones de combat”. Et il ajoute, après les avoir interrogés : “Je n’ai pas perçu véritablement de regrets dans ce que j’ai entendu“, estimant de manière générale qu’“on est en face de gens qui sont plus déçus que repentis”. Ou encore : “Ils ne sont pas allés là-bas par hasard, pour faire du tourisme”. On s’en serait douté ! Ou enfin : “Ils savaient vraiment pourquoi ils se rendaient sur place, c’est-à-dire pour combattre avec DAESH. Donc, ce sont des ennemis, ils ont combattu la France”. Voilà pour ces adeptes du “tourisme de la mort”.
La complexité du problème est immense : les mères ont plusieurs enfants de pères différents. Les maris français ont renoncé à leur nationalité en brûlant leurs papiers d’identité, leur passeport. Les enfants sont-ils de nationalité française ou étrangère ?
Tous ces phénomènes sont une source inépuisable de préoccupations pour le gouvernement, les magistrats, les responsables militaires et les soldats. Alors, il faut hélas être très réaliste et regarder les choses en face : des assassins seront parmi nous, certains le sont déjà… A nous de nous défendre ! C’est sûr, il faudra bien des années pour venir à bout de ces problèmes, car il y aura toujours de nouvelles violences à redouter. Plus que jamais, il faudra une adhésion sans réserve de la nation, un courage de tous les instants et une détermination sans failles ni faiblesses, car c’est notre avenir qui se joue, et celui de nos enfants.
Guy Zerhat