Le tribunal ne s’est pas laissé imposer sa loi par Jean-Marie Le Pen qui, poursuivi pour avoir réitéré publiquement sur BFMTV ses propos sur les « chambres à gaz », devrait répondre du délit de contestation de crime contre l’humanité sur le fondement de la loi Gayssot.
Il avait annoncé qu’il ne viendrait pas à l’audience du 10 février parce qu’il se sentait couvert par son immunité parlementaire de député européen, alors que ces propos n’avaient évidemment aucun rapport avec cette fonction et il avait interdit à son avocat Maître Wagner (fils de G.P. Wagner, son avocat à l’époque) d’aborder le fond du débat.
Le débat a donc porté d’abord sur cette question de l’immunité, mais le tribunal a décidé de joindre l’incident au fond et on a donc pu aborder le fond en son absence. Son avocat a alors quitté ostensiblement l’audience qui s’est déroulée en son absence.
MEMOIRE 2000 était représentée par notre Président et assistée de son avocat Maître Serge TAVITIAN. Ils ont tous les deux, et chacun à sa place, expliqué les raisons de notre intervention dans ce procès. Bernard JOUANNEAU a relaté les étapes précédentes de son combat contre Jean-Marie Le Pen qui remonte à 1987 et qui s’est poursuivi ensuite en 1997 pour le compte de MEMOIRE 2000 qui avait obtenu déjà la condamnation de Jean-Marie Le Pen au civil.
Il a fait état de la nécessité d’obtenir que ces propos soient à nouveau condamnés aujourd’hui pour pouvoir aborder la question de la Shoah auprès des élèves qui fréquentent nos séances.
L’avocat de MEMOIRE 2000, suivi en cela par ceux de la LICRA, de l’UEJF et de l’observatoire de l’antisémitisme, a insisté sur la gravité des propos tenus. Après que le tribunal ait entendu le témoignage bouleversant d’Isabelle CHOKO qui a rappelé le combat qu’elle mène depuis maintenant soixante-dix ans pour entretenir la mémoire des victimes auprès des élèves du secondaire, la procureure a requis contre Jean-Marie Le Pen une peine lourde de dommages-intérêts pour le dissuader de recommencer et a fait ressortir le fondement antisémite des propos qu’il a réitérés en connaissance de cause. Tous ont regretté que Jean-Marie Le Pen, n’ait pas eu le courage de venir affronter ses accusateurs mais ont souligné que c’était chez lui une stratégie de communication.
La décision sera rendue le 12 avril prochain.
Mémoire 2000
P.S. : à cette audience, le tribunal a rendu sa décision qui condamne à nouveau Alain SORAL pour injures raciales envers F. HAZIZA qu’il avait traité de juif errant… On rappellera que MEMOIRE 2000 attend l’arrêt de la cour qui doit statuer sur son appel du jugement précédemment rendu par le tribunal dans l’affaire dite du mémorial de la Shoah de Berlin.