
Samuel Pisar, avocat international, ex-conseiller de John F. Kennedy, il était l’un des plus jeunes survivants de l’Holocauste.
Une des sentinelles de la mémoire de la Shoah, et pas des moindres, vient de disparaître.
Samuel Pisar, qui fut un des plus jeunes survivants de la Shoah et un des plus connus (avec Elie Wiesel et Simone Veil) est mort à l’âge de 86 ans après une vie exceptionnelle.
Né en Pologne, déporté à 13 ans et libéré à 16, il est devenu par la suite un avocat international, conseiller économique de J.F. Kennedy. Spécialiste dans les relations Est-Ouest, il milita pour la coexistence pacifique des deux blocs. Il a été également un écrivain émérite.
A 85 ans Samuel Pisar a été nommé ambassadeur de l’Unesco pour l’enseignement de l’holocauste et des génocides. “Samuel Pisar s’était voué à l’impérieuse obligation de transmettre ce qu’il avait vécu et avait dédié ainsi son parcours hors du commun à la mémoire de celles et de ceux passés par l’horreur des camps nazis”, a souligné le chef de l’Etat dans un communiqué.
Cette disparition sonne le glas d’une époque. Epoque où les survivants de la shoah ont pu témoigner, raconter, servir de “passeurs” de mémoire pour les jeunes générations. On le sait, rien ne remplace le témoignage pour faire comprendre l’indicible. Indicible qui est inscrit dans les corps et les esprits des survivants. On le sait aussi, l’émotion provoquée par les récits des rescapés est un vecteur formidable pour “montrer” où mènent le racisme, l’intolérance et la haine. Une fois toutes ces voix éteintes, que se passera-t-il? L’histoire prendra sûrement le relai, mais de quelle manière? C’est encore Samuel Pisar qui aura le mot juste en déclarant en janvier 2012 à l’occasion de la célébration du 67° anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz : ”Nous, les derniers survivants de l’Holocauste, disparaissons les uns après les autres. Bientôt, l’Histoire va se mettre à parler, au mieux, avec la voix impersonnelle des chercheurs et des romanciers. Au pire, avec celle des négationnistes, des falsificateurs et des démagogues. La Journée internationale de commémoration pour les victimes est un lien vital dans la transmission de notre tragique héritage. Si nous échouons à lui donner collectivement et à bon escient la place qui lui revient dans la mémoire et dans l’éducation, au cœur des valeurs fondamentales de toutes les croyances, spirituelles ou séculières, les forces des ténèbres pourraient de nouveau revenir nous hanter.” Tout est dit et c’est à nous désormais que revient la charge de transmettre cette mémoire et de nous en montrer dignes. Et après nous ??
Lison Benzaquen