Journal d’Avril 2015: compte-rendu de notre séance débat du 20 janvier 2015

A la suite des attentats des 7, 8 et 9 janvier à Paris, et le renforcement du plan Vigipirate empêchant les sorties scolaires, Mémoire 2000 s’est rendue dans certains établissements scolaires, afin de poursuivre son action. C’est ainsi que le film “N’oubliez pas que cela fut” a été projeté à des élèves de 3° au collège Camille Sée le 20 janvier, et à des élèves au collège Georges Duhamel, le 29. Ces séances ont, comme d’habitude, été suivies d’un débat.

Thème : la libération des camps

Débatteur : Docteur Elie Buzyn

Entrée du camps de concentration et d’extermination de Auschwitz
Entrée du camps de concentration et d’extermination de Auschwitz

Film documentaire de Stéphan Moszkowicz, France, 2008, 60 mn

Vous serez mes témoins, c’est le message donné aux soixante élèves de troisième européenne du collège Camille Sée par le Docteur Elie Buzyn, rescapé d’Auschwitz. “Aujourd’hui je témoigne devant vous, mais sans doute plus pour très longtemps. Depuis des années, comme aujourd’hui, je porte mon témoignage dans les collèges et les lycées et au cours de voyages réguliers à Auschwitz. Mais après moi? N’oubliez pas le travail de sape des négationnistes. Alors oui, ce sera vous mes témoins de témoin. Je compte sur vous”.

Elie Buzyn peut, en effet, compter sur eux comme l’exprime à Mémoire 2000 Mme Muller, leur professeur de français : “Je ne trouve que ce soir le temps de vous remercier pour votre intervention mardi dernier au collège Camille Sée. Les élèves ont tous été profondément touchés, ils m’en ont reparlé toute la semaine et je crois qu’ils ont bien intégré le message de votre témoin. Ils sont également conscients que cette rencontre restera un moment marquant de leur vie. Cette séance a été pour moi une émotion extraordinaire”. Effectivement, l’émotion nous étreignait tous. Lors du film, tout d’abord, qui relate la visite à Auschwitz d’élèves d’une école juive avec leur guide. Avec eux, nous découvrons toute l’horreur de la Shoah. Ensuite, par le récit de notre témoin qu’il commence quand il a 11 ans, en 1940, en Pologne. Transféré avec toute sa famille dans un camp de travail, il assiste, avec ses parents, à l’exécution de trois jeunes gens dont son grand frère de 20 ans. Pour l’exemple. Après ce drame, ses parents sont effondrés. C’est à lui, à 11 ans, de les prendre en charge. De camp en camp pendant 4 ans, il parvient à les garder avec lui jusqu’au trajet final, en 1944, vers Auschwitz. Là c’est la sélection. Ses parents vers la droite, lui, à gauche, parce qu’on lui a susurré d’affirmer qu’il avait 17 ans. Il réussira, au travers de nombreux drames, à survivre comme il l’avait juré à sa mère.

Au printemps 1945, refusant d’être renvoyé en Pologne où il n’avait plus aucune famille, il débarque à Paris. Après beaucoup de péripéties, il finit par devenir chirurgien. Se marie. 3 enfants. Pour lui, la seule façon de survivre était de ne parler de rien et, surtout, de ne jamais retourner à Auschwitz. Mais, un jour, son fils aîné lui annonce qu’il va faire le voyage à Auschwitz pour voir où sont morts ses grands-parents. Alors il décide, mais pour cette fois seulement, de l’accompagner. Finalement, l’âge venant, il n’arrêtera plus de témoigner dans les écoles et de retourner à Auschwitz 2 ou 3 fois par an, entre autres pour y accompagner ses petits-enfants, les uns après les autres, pour leurs 15 ans. Elie Buzyn peut être rassuré : tous ceux qui l’auront entendu seront, après lui, ses “témoins de témoin” comme il le leur a demandé.

Hélène Eisenmann

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