Devant la montée de tous les extrémismes, le renouveau de l’antisémitisme virulent et décomplexé (les actes antisémites ont doublé en moins d’une année), les scores du FN, nous sommes en droit de nous interroger sur l’utilité et la pertinence des associations antiracistes et de leurs combats.

Depuis plus de 20 ans, Mémoire 2000 essaie d’inculquer aux jeunes générations, des valeurs humaines essentielles, telles que le respect des droits de l’homme et l’antiracisme sous toutes ses formes. Devant l’indigence des résultats, la pilule est difficile à avaler et le découragement gagne.

De nombreux intellectuels se sont interrogés sur les “effets pervers” de l’antiracisme, et certains vont même jusqu’à affirmer que l’antiracisme, érigé en “idéologie” deviendrait à son tour “pousse au crime”. C’est sans doute excessif, mais pas totalement faux et peut-être vaudrait-il quand même la peine d’essayer de les entendre et y réfléchir.

Au cours du temps, les sociétés ont beaucoup changé et si l’on y regarde de près, l’antiracisme lui, n’a guère évolué. Il est resté figé et s’est même “rétréci” au point qu’il ne peut faire autrement et ne voit la réalité du monde que sur le mode de l’exclusion, avec les oppresseurs d’un côté et les oppressés de l’autre. Peut-être que l’antiracisme n’a pas su s’adapter à l’apparition des communautarismes et qu’il a toujours reproduit les mêmes schémas d’action en se trompant quelquefois d’adversaires. Ce manque d’adaptation conduit directement à l’échec et à la démobilisation.

Aussi ne serait-il pas temps de réinventer l’antiracisme, de le rendre moins manichéen, en y réintroduisant une complexité imposée par les évolutions des sociétés? Mais il nous faut garder l’espoir, surtout ne pas abandonner et poursuivre le combat avec énergie et conviction.

C’est un défit qu’il faut absolument relever, c’est un défi que tous les antiracistes doivent relever, faute de quoi nous courons au désastre.

Lison Benzaquen