Séance du 20 mai 2014
Thème : la Résistance
Débatteur : Michel Ambault.
- Ambault, notre sympathique débatteur, avait 6 ans en 1940. Aujourd’hui, il est Président d’une Association de Résistants qui s’est fixé pour but de transmettre la mémoire de cette Résistance française. Il raconte comment chacun s’efforçait de capter les messages codés de la radio qui parvenaient de Londres, et dont le rôle essentiel était de transmettre des ordres de sabotage des installations allemandes.
Deux points importants
1°- Il existait des filières d’évasion organisées, des réseaux qui ont permis de sauver 28.000 personnes, notamment des pilotes anglais et américains, qui gagnaient l’Angleterre et pouvaient ainsi participer aux bombardements de l’Allemagne.
2°- Individuellement, les actes de résistance étaient des plus divers : certains ont résisté l’espace d’un instant, d’autres davantage. L’héroïne du film, par exemple, “fait” de la résistance, car toute son action vise à sauver un pilote américain. A ce sujet, M. Ambault se souvient avoir fait très tôt un acte de résistance : les cours de sa classe furent un jour interrompus quelques instants pour diffuser un message du Maréchal Pétain disant qu’il était interdit de copier sur son voisin. Sitôt le message terminé, il s’empressa de copier sur son voisin le plus proche! Ainsi, dans les moments difficiles, les gens se révèlent. La guerre terminée, ils redeviennent des gens normaux. Mais à l’époque, malheur à ceux qui se faisaient arrêter : ils étaient torturés et fusillés par les miliciens français. On estime que 300.000 personnes ont effectué des actes de résistance, et qu’environ 350.000 personnes furent des “collabos”.
Comment peut-on si bien se souvenir, tant d’années après ? La réponse de M. Ambault est très émouvante : “Quand on a connu ce genre de situation, on mûrit et on vieillit vite, on se souvient de beaucoup de choses de façon très précise”, comme de cette cigarette offerte à sa maman par un soldat allemand.
Tout était problème, surtout se nourrir : il y avait les cartes d’alimentation, les queues interminables. Mais la plupart du temps, les paysans étaient remarquables, à quelques exceptions près, comme cette dame qui refusait de vendre ses produits aux Juifs…Rude époque pour ceux-ci, forcés de porter l’étoile jaune, et d’aller se faire enregistrer au commissariat, ce qui permettait de les retrouver plus facilement ! Là aussi, il y eut de petits miracles, tel ce commissaire enjoignant à un Juif “Disparaissez !”, pour qu’il ne soit pas enregistré. Notre ami Daniel Rachline, membre de Mémoire 2000, intervient alors, car issu d’une famille de résistants. Son père était recherché par les Allemands, et 72 de ses parents proches ont disparu, morts en France ou dans des camps d’extermination. Et Daniel en profite pour rappeler les noms de ces grands résistants que furent Jean Moulin, Pierre Brossolette, Lucie et Raymond Aubrac, René Cassin.
En Février 1943, les Allemands ont réquisitionné dans les pays occupés des ouvriers pour aller travailler dans les usines de guerre allemandes. C’était le STO (Service du Travail Obligatoire). Certains n’ont pas voulu y aller, et ont créé les maquis de résistance, très organisés et efficaces. Cette année 1943 est d’ailleurs l’année du retournement : les Allemands sont en difficulté sur le front russe (Stalingrad), les forces alliées ont débarqué en Afrique du Nord, on pressent que l’Allemagne ne va pas gagner la guerre, alors certains collabos “retournent leur veste”, comme le commissaire du film, qui espère que les résistants ne l’oublieront pas… Enfin, et cela apparaît aussi dans le film, certains n’ont rien fait, se sont contentés d’assister aux événements.
Au total, ce film, très éducatif, a permis à M. Ambault de faire une excellente analyse de la résistance, en montrant bien qu’il existait d’une part une Résistance armée organisée, et d’autre part des résistants, des hommes et des femmes qui, à un moment de leur vie, se sont révélés à eux-mêmes et ont eu une conduite telle qu’elle nous fait espérer en l’Humanité.
Guy Zerhat