
Des magnifiques jeux olympiques se sont déroulés à Londres cet été. Il ne manquait rien – sauf un important rappel historique.
En effet, 40 ans se sont passés depuis la tragédie des jeux olympiques de Munich, et les familles des victimes n’ont pas obtenu un hommage lors de l’ouverture des jeux de Londres.

En revanche, les autorités allemandes ont largement commémoré la sanglante prise d’otages. 500 représentants du monde politique et sportif, dont le ministre de l’intérieur, Hans-Peter Friedrich, ont participé à une cérémonie à la base militaire de Fürstenfeldbruck à 25 kilomètres de Munich. Sept survivants du drame et des familles des autres victimes avaient fait le voyage. C’est là que c’est terminé la tragédie il y a 40 ans, avec la mort des neuf derniers otages, un policier allemand et cinq preneurs d’otages.
Il était temps que les Allemands reconnaissent une gestion catastrophique du drame. Lorsque huit membres de l’organisation palestinienne Septembre Noir franchirent le grillage du village olympique dans la nuit du 5 septembre 1972, la police fut prise complètement au dépourvu. Le commando put facilement pénétrer dans l’appartement de la délégation israélienne. Deux athlètes israéliens furent tués, et neuf autres pris en otage. Le commando voulait s’envoler avec les otages pour le Caire et les échanger contre 232 prisonniers palestiniens.
Refusant la collaboration des forces spéciales israéliennes, les autorités ouest-allemandes durent improviser face au premier véritable acte de terrorisme en Europe. Des documents jusque là secrets israéliens révèlent un véritable fiasco, se terminant dans un bain de sang à Fürstenfeldbruck.
Les autorités allemandes et le Comité olympique semblèrent indifférents au sort des otages. Il n’y avait aucun tireur d’élite sur les toits, les blindés arrivèrent en retard pour sauver les otages et l’équipement des policiers, sans uniformes pour faire plus décontracté, laissait à désirer. Les Allemands voulaient surtout éviter toute références aux jeux nazis de 1936.
Les jeux ne furent même pas arrêtés, “les télévisions allemandes ne disposant pas de programmes alternatifs”. Cette décision fut prise par le président du CIO, et le ministre de l’intérieur allemand, Hans-Dietrich Genscher. Celui-ci proposa cependant de remplacer les athlètes israéliens comme otage.
Chaos, manque de professionnalisme, apathie des forces de sécurité… ces mots rappellent singulièrement un autre drame, celui d’Oslo le 22 juillet 2011. Il y a un autre lien avec la Norvège. Après la tragédie de Munich, le premier ministre israélien Golda Meïr et le Mossad décidèrent l’opération “colère de Dieu” pour venger les victimes.

Steven Spielberg raconte la liquidation des resposables palestiniens dans le film Munich. Mais il ne fait pas mention de l’erreur du Mossad. Ils ont confondu le numéro deux de l’OLP, Ali Hassan Salameh avec un marocain vivant à Lillehammer en Norvège. En 1973, Ahmed Bouchiki fut abattu devant sa femme enceinte. Six agents du Mossad furent arrêtés et condamnés pour meurtre. Cinq sortirent rapidement de prison. Sylvia Rafaël se maria avec son avocat norvégien.
Le vrai Ali Hassan Salameh fut liquidé à Beyrouth en 1979. Lors des jeux olympiques suivants, à Montreal, les mesures de sécurités furent draconiennes.
Il y eut un avant et un après Munich.
Vibeke Knoop