
Rappelons que Viktor Orban et son gouvernement bénéficient du soutien des 2/3 des députés et que la situation économique est très dégradée. Le gouvernement hongrois sollicite pour juin 2012 un second prêt de 15 à 20 milliards d’euros de l’Union Européenne et du FMI pour éviter la banqueroute.
Dans ce contexte, le gouvernement mène une politique économique et sociale “souverainiste” paradoxale, si l’on songe à la dépendance financière de la Hongrie par rapport au reste du monde. Impôt spécifique pour les grands groupes étrangers, impôt unique sur le revenu de 16% qui réduit ses rentrées fiscales. La diminution des allocations aux plus démunis fait progresser la grande pauvreté. Et les bénéficiaires d’allocations sociales sont contraints d’accepter des travaux humiliants sous peine de ne plus recevoir d’allocations. Près de 400 000 personnes, en grande majorité des roms, sont soumises à ce régime de travail obligatoire. Sur le plan institutionel et politique, l’adoption d’ une nouvelle Constitution, entrée en vigueur au 1er janvier 2012, fait référence à Dieu et au christianisme comme garants de l’unité spirituelle de la nation, pomeut la famille traditionnelle, remet en cause l’avortement, restreint les droits des minorités…. Sur le plan culturel, les institutions publiques exaltent le catholicisme et la grandeur hongroise qui seraient menacés par des ennemis de l’intérieur (les roms et les juifs) et par l’étranger.
Face à ces évolutions inquiétantes, une minorité de Hongrois manifeste régulièrement son opposition à la politique du gouvernement Orban. Ils trouvent depuis quelques mois un soutien du côté des institutions européennes. En janvier 2012, la Commission européenne a lancé une triple procédure d’infraction au droit européen envers la Hongrie, lui reprochant de ne pas garantir l’indépendance de la justice et de la presse, et l’indépendance de la banque centrale, et mettant en demeure le gouvernement Orban d’amender des lois récemment adoptées. Si Viktor Orban a d’abord reproché à la Commission de ne disposer d’aucune “légitimité démocratique”, son gouvernement négocie actuellement l’amendement des lois incriminées avec la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil de l’Europe. Si la Hongrie ne s’est pas mise en conformité mi-avril 2012 avec le droit européen, la commission européenne devrait saisir la Cour de justice de l’Union européenne, et le Parlement européen pourrait recommander la suspension des droits de vote de la Hongrie (le parti populaire européen, conservateur, y est cependant opposé).