A ce jour, la reconnaissance officielle par le Premier Ministre, le Ministre de la Défense et le Ministre du Budget qui vient d’aboutir à la décision en faveur des déportés juifs qui ont été déportés de leurs pays d’origine et ont survécu à leur déportation depuis la libération des camps de concentration nazis met un terme à une longue série de démarches soutenues par Mémoire 2000 depuis avant l’année 2000.
En ce qui nous concerne, il aura fallu l’heureuse rencontre de notre amie Isabelle Choko qui semble y avoir consacré sa “troisième vie” après avoir choisi la France pour y refonder la famille qu’elle avait perdue, après avoir vécu de si près à Bergen-Belsen la mort de sa mère, avec laquelle elle avait été déportée à l’âge de 11 ans avant d’être libérée à 16.
Pour faire aboutir cette revendication, nous avons tout simplement et discrètement mené une action auprès des Pouvoirs Publics en nous adressant aux Secrétaires d’Etat auprès des Anciens Combattants successifs. C’est dans le cadre d’un processus transactionnel engagé dans le courant de l’année 2010 que nous avons fait aboutir notre réclamation qui a demandé une attention soutenue de tous les instants entre les membres du Cabinet du Ministre de la Défense d’une part et le Comité que nous avons constitué à cet effet, composé d’Isabelle Choko, Elie Buzyn, Nicolas Roth et Fédor Lederer.
La décision d’origine du Premier Ministre remonte maintenant au 10 avril 2010 et la dernière qui a mis un point final au processus est en date du 23 novembre 2011, elle émane du Ministre de la Défense, Monsieur Gérard Longuet. Elle reconnaît aux déportés d’origine étrangère qui ont justifié de leur déportation et acquis ultérieurement la nationalité française depuis leur libération, le droit à une indemnisation forfaitaire pour leur déportation sous la forme d’une allocation annuelle qui leur sera versée jusqu’à la fin de leurs jours, sans toutefois pouvoir être ultérieurement transmise à leurs héritiers.
Lorsqu’Isabelle Choko est venue nous en parler, la loi du 30 décembre 2004 qui instituait la Haute Autorité de Lutte contre la Discrimination et pour l’Egalité venait d’être adoptée. Elle instaurait précisément un organisme qui avait pour mission de veiller à ce que la puissance publique comme les particuliers respectent en toutes occasions le principe d’égalité entre les citoyens français et c’est au nom de ce principe d’égalité que nous avons fait valoir que l’ensemble des déportés d’origine étrangère ayant acquis la nationalité française, (il en avait à l’époque été compté 109), devaient avoir droit à la pension prévue par le code, en faveur des déportés. Nous avons été entendus par la HALDE qui a reconnu qu’il était nécessaire,au nom de l’Egalité entre les citoyens ,de modifier le code des pensions. Il aura fallu cinq ans de négociations pour obtenir satisfaction: On ne changerait pas la loi, mais on règlerait le problème par la voie de la transaction
Aux termes de nos discussions, nous sommes enfin parvenus à un résultat favorable, bien que malheureusement et depuis que le combat ait été engagé, nous avons dû enregistrer la perte d’une trentaine d’anciens déportés que la mort nous a ravi. Mais pour les 115 déportés qui subsistent encore à l’heure actuelle, et qui se sont regroupés grâce à Isabelle, ce ne sera plus un espoir ni un rêve, c’est devenu une réalité.