Tableau de fin d’année 2017, Donald Trump, Président des Etats Unis, depuis plus d’un an gouverne à grand renfort de tweets rageurs, destinés à rassurer son électorat le plus obtus.
La fréquence de ces tweets grotesques et menaçants nous aurait presque anesthésiés. Lors d’une récente rafale, il s’est fait le relais des montages vidéo d’un groupe d’extrême-droite britannique, appelant, avec son slogan “Britain First”, à la haine envers les musulmans. “Britain First” comme l’America first, slogan de campagne de Donald Trump, fait écho à l’America First Committee, qui fut le principal mouvement isolationniste à s’opposer à l’entrée des États-Unis dans la Seconde guerre mondiale.
La rhétorique utilisée par ces partis adeptes du “nous first” est tristement habituelle : “un groupe étranger menace notre identité collective, nous risquons de disparaître en tant que nation”. Et les moyens utilisés n’ont pas changé non plus : l’un des principaux vecteurs de l’antisémitisme occidental, Le Protocole des Sages de Sion, faux issu des officines de la police politique des derniers Tsars, continue de s’afficher dans les vitrines des librairies du Moyen-Orient. Ce qui a changé, c’est la vitesse et la puissance de diffusion de tels pamphlets et de manipulations de toutes sortes. Et le fait que désormais le président du plus puissant État de la planète s’en fasse le vecteur. C’est ainsi, qu’encouragé par l’absence de mobilisation internationale face à ses provocations, il se croit aujourd’hui autorisé à décider le transfert de l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem au risque de mettre le feu à tout le Moyen-Orient.
Loin, très loin de cet apprenti sorcier qui manie la peur et l’ignorance avec toute la puissance de ses réseaux sociaux, des lieux de culture et de mémoire favorisent la réflexion et l’éducation. Ainsi la très intéressante exposition du musée de l’Homme : Nous et les autres. Des préjugés au racisme. Ainsi la Fondation du Camp des Milles, que nous avons visitée le 16 novembre avec trois classes de Courbevoie et Paris accompagnées de leurs professeurs. (Compte-rendu en page intérieure). La devise de cette fondation est claire : “Pour que l’Histoire éclaire le présent”. Le musée de l’Homme, comme le camp des Milles, s’attachent à démonter les mécanismes individuels ou collectifs qui conduisent au rejet de l’autre. “tous les … sont des …” mène progressivement à tous les Tutsis /Arméniens /Juifs /Gitans / homosexuels /musulmans /Rohingyas… sont des êtres nuisibles qu’il devient licite d’éliminer.
Pour les 25 ans de Mémoire 2000, toute démarche de résistance à la xénophobie nous fait garder espoir. Ainsi, tel le colibri portant sa goutte d’eau sur l’incendie, Chang Liu, une étudiante chinoise venue apprendre le tamazight à l’INALCO : son sac en bandoulière arbore la fière devise : “FIGHT EVIL, READ BOOKS”. Remarquée dans la rue par un photographe, elle nous a autorisés à utiliser son image. Grâce à de courts récits, témoignages de vie quotidienne, en mandarin et en langue berbère, son projet vise à faire se rencontrer les Chinois vivant en Algérie et les populations locales. Pour que, là comme ailleurs, tombent les barrières et s’effacent les préjugés.
A tous les adhérents de Mémoire 2000, j’envoie nos vœux de mémoire vigilante pour 2018.
“Depuis lors, à une heure incertaine,
Cette souffrance lui revient,
Et si pour l’écouter, il ne trouve personne,
Dans la poitrine, le cœur lui brûle.”
Primo Levi, Le survivant
Jacinthe Hirsch