Dans le n°91 de notre journal, nous avons évoqué le procès intenté à Georges Bensoussan pour “provocation à la haine raciale”. Le jugement a été rendu le 7 mars et l’historien relaxé : c’est heureux.
Même si le CCIF fait appel, cette relaxe entérine d’une certaine manière le fait que G. Bensoussan évoquant l’antisémitisme musulman, parle bien d’une “transmission culturelle” et non, comme on a voulu le faire croire, d’un antisémitisme “atavique ou génétique”, et qu’il n’y a pas eu “provocation à la haine raciale” : C’est déjà ça!
Mais l’important de ce procès, me semble-t-il, c’est ce qu’il dit de notre société. En réalité, il met en lumière ce que depuis plus de 15 ans, certains intellectuels dénoncent en vain.
Que proclament-ils de si inaudible?
Ils disent d’une part, qu’il existe en France un “nouvel” antisémitisme issu du monde arabo-musulman, et que d’autre part, comme le déplore G. Bensoussan, “…l’intégration est en panne. Aujourd’hui, effectivement, nous sommes en présence d’un autre peuple qui se constitue au sein de la nation française, qui fait régresser un certain nombre de valeurs démocratiques qui nous ont portés. “ Analyse partagée par Elisabeth Badinter par ses propos : “une seconde société tente de s’imposer insidieusement au sein de notre République, tournant le dos à celle-ci, visant explicitement la séparation, voire la sécession”.
Parler de ces deux phénomènes relève du tabou et revient à être fiché raciste et/ou islamophobe. Qu’à cela ne tienne…
Peut-on nier que depuis une quinzaine d’année (pour situer un peu les choses, je dirais depuis 2001 lors de la conférence de Durban et après le 11 septembre), l’antisémitisme a pris une autre tournure? Il est moins l’apanage des “fachos” que celui des “jeunes des quartiers” qui s’en emparent au prétexte de soutenir leurs “frères Palestiniens”…
Puis de glissement en glissement on en arrive au meurtre d’Ilan Halimi, aux assassinats de M. Merah, à l’hyper cacher, à des agressions de toutes natures…et à une banalisation totale de l’injure antisémite, dans les écoles, la rue…
On pourrait se dire que, s’il existe un “nouvel antisémitisme”, les juifs, qui en ont vu d’autres, n’auraient qu’à s’en débrouiller et passer par pertes et profits les morts qu’il a provoqués.
Ce serait vite oublier que l’antisémitisme a toujours été, dans l’histoire, le symptôme majeur d’une démocratie en péril.
C’est ce qui se produit aujourd’hui avec la “panne d’intégration“ et la “sécession”. “Sécession” qui est le rêve et la visée d’une minorité islamique radicale, politique.
Ces radicaux très agissants, ont su trouver de nombreux soutiens (parfois involontaires, mais on le sait, “l’enfer est pavé de bonnes intentions”!). Les pouvoirs publics dans certaines municipalités, ont souvent confié à des associations communautaires de type salafiste, les membres de la communauté musulmane, les enfermant ainsi dans leur identité religieuse. C’est ainsi que des musulmans qui devraient pouvoir vivre sereinement dans leur pays, se retrouvent aux mains et à la merci des radicaux. En voulant plaire aux Musulmans, et en espérant obtenir une illusoire “paix sociale”, en réalité, on les abandonne et les livre au radicalisme.
Et les radicaux s’y connaissent pour utiliser les lois de la République et de la laïcité à leur avantage. Ils sont en cela, souvent aidés par ceux que l’on pourrait qualifier “d’idiots utiles” toujours prompts à vouloir faire passer les coupables, par exemples d’actes terroristes ou antisémites, pour des victimes de la société. La sociologie a bon dos, qui remplace aisément l’histoire et la philosophie politique et surtout qui oublie que les terroristes jihadistes,(comme le souligne très adroitement Philippe Val dans son dernier livre), sévissent partout dans le monde, quelles que soient leurs conditions sociales. On exonère ainsi facilement le coupable et l’on rend la victime responsable de ce qui lui arrive: la bonne conscience est sauve!!
Ce déni du réel met en péril l’état de droit et ouvre la voie à la soumission – but recherché par les radicaux. Mais avant, il déroule le tapis rouge à l’extrême droite.
Voilà, à mon sens, très grossièrement résumé, ce que ce procès a permis de mettre en évidence. Il a permis aussi, aux plus avisés, de voir ce que l’on tente de cacher et d’entendre ce que l’on essaie de taire…
Peut-être aura-t-il aussi pour effet, de susciter d’autres prises de parole, et de soutenir celle d’intellectuels musulmans qui ont le courage de dénoncer ce que d’aucuns s’ingénient à étouffer.
Lison Benzaquen