Depuis le XIXe siècle, à l’instigation de l’Abbé Grégoire, la désignation des rues de Paris rend hommage à des personnalités qui ont marqué leur temps dans le domaine des arts, des sciences, de la morale ou de la politique, même si la Ville se refuse toujours à honorer Napoléon ou Robespierre.
De nos jours, le Conseil de Paris délibère à partir d’un vœu qui lui est transmis. Le 17 juin 2014, il a voté, à l’unanimité, l’attribution d’un emplacement – rue ou place – à Lazare Rachline. Il faudra donc respecter la règle édictée par la Ville et indiquer une courte mention précisant l’activité de l’attributaire.
Il s’agissait d’un évadé d’Allemagne, engagé volontaire, organisateur d’évasions, membre du SOE britannique puis du BCRA français, chargé en mars 1944 par le général de Gaulle de la plus importante mission clandestine de cette année-là, suivant l’historien Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Sous le pseudonyme de Socrate, il se consacra en mai 1944, dans la capitale occupée, à réorganiser l’ensemble de la Résistance intérieure. Envoyé personnel du Général, il dut s’employer à convaincre les composantes de la résistance parisienne de ne déclencher en aucun cas une insurrection le jour du débarquement allié. Il y parvint, non sans mal, avec le concours d’Alexandre Parodi, Délégué général du gouvernement provisoire, et Chaban (Delmas), qu’il fit général pour devenir Délégué militaire national.
Cette mission, intitulée Clé, permit d’éviter un soulèvement prématuré de Paris, que l’éloignement des troupes débarquées en Normandie aurait interdit de sauver d’un carnage.