On ne peut pas continuer d’entretenir l’équivoque entre les prises de position du Front National et les déclarations de son président d’honneur. On peut avaler la pilule de la “faute politique” dénoncée par Marine Le Pen, suite aux déclarations de son père dans son “journal de bord” du 6 juin dernier, mais on ne peut pas se satisfaire de cet aveu, dès lors que le parti ne se démarque pas clairement sur le plan moral de cette nouvelle provocation.
On ne va pas offrir à Jean-Marie Le Pen le plaisir de contester le sens de ses déclarations équivoques, comme il l’a fait en 1987 et en 1997 avec “le point de détail”, en lui offrant sur un plateau l’occasion de soutenir une fois de plus qu’on a dénaturé ses propos, qu’on ne l’a pas compris et qu’il est la victime du système et des médias.
“LE PEN VICTIME” ça suffit !
Les associations de déportés qui à mon initiative, l’ont fait condamner à deux reprises en 1991 et en 1997 pour ses saillies sur les chambres à gaz ne peuvent rester indifférentes à l’exploitation qui est faite encore aujourd’hui des décisions judicaires qu’elles ont obtenues contre lui, puisqu’il prétend que ce sont des “sanctions politiques” alors que ce n’était que la juste réparation du dommage causé aux anciens déportés pour son “consentement à l’horrible”.
A deux reprises et à six ans d’intervalle nous avons obtenu de la cour de Versailles, sa condamnation qu’il a finalement exécutée et qui lui a coûté près de 300.000 €
Mais à l’époque, du moins le croyions nous, il ne s’agissait que de lui et pas du Front National qui a depuis apparemment pris ses distances, en désavouant les écarts de langage de son président.
Depuis, sa fille qui a accédé aux responsabilités à la tête du Front National a tenté de “dédiaboliser” le Front. On ne sait pas vraiment si elle y a réussi.
Mais on peut sérieusement se demander si c’était bien son intention, dès lors que ses suppôts en attendaient davantage et se déclaraient plutôt disposés à soutenir le père au lieu de la fille.
C’est du moins l’impression que nous laisse la condamnation de la “faute politique” commise par son père. On peut se demander sérieusement si cette condamnation est sincère dans la mesure où l’interview de J-M Le Pen qui n’a pas été diffusée en direct est restée 48 heures sur le site du FN et où Marine a pris la défense de son père en disant qu’il avait été victime d’une erreur d’interprétation.
Or on vient d’apprendre par Jean- Marie Le Pen lui-même qu’il n’a pas pu s’acquitter des condamnations prononcées contre lui sur ses deniers personnels et qu’elles ont finalement été prises en charge récemment par le Front National qui, après lui en avoir fait l’avance par un prêt, lui a consenti en 2006 une remise de dette d’un montant de 198 000 €.
Il ne nous est pas indifférent de savoir d’où provenaient les fonds que j’ai reçus, au nom des associations, en 1991 et en 1999 de Jean- Marie Le Pen et si c’est ou non de l’argent sale à un double titre, comme étant un abus de biens sociaux ou la confirmation par le Front National du soutien idéologique qu’il continue d’apporter à son fondateur.
Si en définitive c’est le Front National qui a assumé la charge des condamnations prononcées contre lui, on ne peut plus entretenir l’illusion que le Front National aurait pris ses distances à l’égard de son président d’honneur. Il n’y a pas que les déportés qui sont concernés, les électeurs et militants du Front National qui s’y sont ralliés parce que le discours avait changé le sont aussi, mais les citoyens dans leur ensemble, puisqu’il s’agit de “fonds publics” provenant de l’impôt.
C’est la raison pour laquelle, avec le concours des associations de déportés qui m’avaient à l’époque confié la défense de leurs intérêts, nous avons pris l’initiative de délivrer à Marine Le Pen en sa qualité de présidente du Front National une sommation interpellatrice à laquelle nous attendons sa réponse.
Le temps de la transparence est venu.
Bernard Jouanneau