
Mardi 15 mars 3 classes étaient présentes : Une classe de seconde avec 24 élèves du Lycée Mansart (Saint Maur), une seconde 28 élèves du lycée Maurice Ravel (Paris 12), une classe UPE2A 15 élèves du Lycée Malézieux (Paris 12).
Résumé :
En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité.
Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.
L’histoire vraie derrière le film
Un Italo-Américain grossier et raciste face à un pianiste noir brillant et raffiné. C’est ce duo explosif que les spectateurs ont pu découvrir dans Green Book : sur les routes du Sud, qui a remporté l’Oscar du meilleur film en 2019. Aussi improbable qu’elle puisse paraître, cette amitié a bel et bien existé, puisque le long-métrage de Peter Farrelly mettant en scène Viggo Mortensen et Mahershala Ali s’inspire d’une histoire vraie. Green Book a été co-écrit par le fils de Tony « Lip » Vallelonga (Viggo Mortensen), chauffeur italien qui a conduit le pianiste Don Shirley (Mahershala Ali) durant sa tournée dans le sud raciste des Etats-Unis, dans les années 1960. Malgré leurs oppositions initiales, les deux hommes deviennent amis, jusqu’à leur mort, en 2013.
Le fameux Negro Motorist Green Book qui a inspiré le titre du film a bel et bien existé, puisqu’il s’agissait à l’époque de la ségrégation d’un guide à destination des personnes noires pour leur indiquer dans quels hôtels et restaurants ils seraient ou non les bienvenus.
La débattrice : Rahmatou Keïta
Le débatteur : Lilian Thuram
Lilian Thuram commence en présentant une carte du monde très différente de celle que l’on a l’habitude de voir :
Ceci pour amener les jeunes à s’interroger sur la façon de regarder le monde. Par exemple le film montre le point de vue du chauffeur blanc par rapport au racisme ; le film aurait été différent si on était à la place du noir qui subit le racisme.
Parole d’élève :
« La mentalité des gens peut changer positivement ou négativement, cela dépend de ce que l’on nous a enseigné ou de ce que nous avons vécu. »
Lilian Thuram valorise ces propos en expliquant que le racisme comme le sexisme venaient d’habitudes culturelles inscrites dans les lois : le code noir (1685), code de l’indigénat (1850).
Questionnement d’élève :
« Si le racisme est apparu à cause de ces lois, pourquoi ont-elles été mises en place, il y avait donc déjà du racisme avant ? »
Rahmatou Keïta explique que l’esclavage existe depuis l’Antiquité, c’est une construction politique, économique. Depuis des siècles on met la race blanche au dessus des noirs, les hommes au dessus des femmes.
Inquiétude d’un élève :
« Comment faire pour changer les mentalités ? »
Lilian thuram évoque quelques pistes :
- Discuter, se renseigner, comprendre il faut défendre les politiques de solidarité
- Il faut partager les richesses du monde
- Il faut analyser l’histoire du point de vue de l’Homme et non pas de l’économie.
- Écouter les gens qui ont des problèmes
Rahmatou Keïta parle de la colonisation soit disant faite pour aider les peuples en difficulté mais qui a été ressentie très violente par les colonisés.
Elle attire l’attention sur le fait que le racisme peut réapparaitre très rapidement : lors des exodes massives hors d’Ukraine, des noirs ont été éjectés des bus.
Lilian Thuram propose une petite expérience sur la couleur. Il appelle une élève et lui demande de définir sa couleur « je suis blanche » dit-elle ; il lui montre une feuille blanche « Comme ça ? » « non, je suis beige … »
Rahmatou Keïta dit qu’effectivement le vocabulaire n’est pas innocent. Le blanc symbolise la pureté, la virginité…le noir : la saleté, le pessimisme….
Une professeure remercie les intervenants et dit avoir pris conscience du racisme banal (histoires drôles, préjugés…), de la politique d’urbanisation qui créée de l’entre-soi des classes sociales… comment casser cela et donner de l’espoir à nos jeunes…
Lilian Thuram
« Nous sommes dans un monde dangereux où il faut écraser l’autre pour ne pas être écrasé. Il faut replacer l’Homme au centre de la politique avec des éléments essentiels comme la solidarité, l’égalité sociale et sexuelle, la chasse aux discriminations.. »
C’est sur cette réponse que s’achève la séance.
Nous remercions les débatteurs, les enseignants et les élèves pour la bonne tenue de cette scéance.
Pour aller plus loin :
un mémento « Lutte contre le racisme et l’antisémitisme à l’école – des pistes pour agir »
https://eduscol.education.fr/1720/agir-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme
des ressources pédagogiques « Éduquer contre le racisme et l’antisémitisme »
https://www.reseau-canope.fr/eduquer-contre-le-racisme-et-lantisemitisme.html