Ciné Histoire a reçu en juin dernier, le prix des Amis de Jean Zay. L’association, fidèle à sa tradition de remettre en lumière des personnages et des événements méconnus, avait consacré en 2012 deux journées au ministre du Front Populaire trop tôt disparu à 39 ans !
La première, avec un film de Catherine Bernstein et Dominique Missika Jean Zay, un crime français, puis une journée entière autour de l’histoire du Massilia où s’embarquèrent en juin 40 Jean Zay, son ami Pierre Mendes France et 25 parlementaires qui voulaient continuer la lutte en Afrique du Nord.
Arrivés à Casablanca, Jean Zay est arrêté pour désertion. Son procès a lieu le 4 octobre à Riom et il est condamné à la déportation à vie. (Cette condamnation visait à rappeler celle d’ Alfred Dreyfus).
En fait, interné pendant 4 ans à Riom, il est extrait de sa prison en juin 44 par la Milice, qui, sous prétexte d’un transfert, l’assassine dans un bois, jette son corps dans un puits et y lance des grenades pour qu’il ne puisse être identifié. Son corps ne sera retrouvé, par hasard, qu’en avril 46 par des chasseurs et sera exhumé en septembre 1948 pour identification.
Député à 28 ans, ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts à 32 ans Jean Zay a eu de multiples initiatives qui ont marqué son passage, qu’on ne peut toutes citer ici ! Entre autres, l’allonge- ment de la scolarité obligatoire, la visite médicale scolaire, les bibliobus. Avec Irène Joliot-Curie il prépare la création du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il avait eu l’idée d’une École d’administration (qui n’avait pas abouti) et celle du festival de Cannes pour répliquer à la Mostra de Venise de l’Italie fasciste. La première édition aurait dû avoir lieu en septembre 39 mais la déclaration de guerre l’avait annulée.
Nicole Dorra
À voir : —Jean Zay, un crime français de C. Bernstein et D. Missika. —Le piège du Massilia de Virginie Linhart.
À lire : — Souvenirs et solitude (écrits en prison) Jean Zay (plusieurs éditions, et poche).
– Jean Zay l’inconnu de la République O. Loubes (Armand Colin 2012)
– L’affaire Jean Zay, une mémoire assassinée. G. Boulanger (Calmann-Lévy 2013).