« Collèges pour l’égalité » avec la Mairie de Paris et le collège Thomas Mann (Paris 13e)

Cette séance-débat du film « Baisers cachés » de Didier Bivel a été organisé avec le Collège Thomas Mann – Collège pour l’égalité.

Madame Ben Saad, professeure de lettres modernes nous accueille ce 5 avril 2022, au collège Thomas Mann, avec sa classe de 3ème E pour la projection du film Baisers volés de Didier Bivel. Projection suivie d’un débat avec Sylvie Schweitzer, présidente de SOS Homophobie et Blandine Berthelot, témoin de la même association. 

La séance commence à 9h. La 1ère question des élèves est « Est-ce qu’on aura droit à la récréation ? » Réponse de leur professeure : « Si vous vous tenez tranquilles pendant la projection, vous pourrez aller en récréation. » Etonnement de mes collègues, choquées que l’on puisse interrompre un film pour une récréation.

Les deux premiers rangs sont occupés par des filles, parmi elles, un garçon. Les deux rangs de l’arrière sont occupés par les garçons, une fille parmi eux. La projection se déroule dans le calme avec quelques réactions (petits rires, gêne, réflexions à mi-voix) au moment des scènes des baisers (entre les deux garçons, entre deux femmes). Au retour de la récréation, la classe se replonge dans le récit sans difficulté. Après le générique, quelques applaudissements spontanés du rang du fond. 

Les échanges avec le public commencent sans difficulté. Un garçon : « J’ai trouvé le film intéressant. » « Pourquoi ? » « D’habitude, les films comme ça, ça se termine toujours par un suicide et là, c’était bien, aucun des 2 garçons ne s’est suicidé. » 

Sylvie Schweitzer demande aux élèves ce qu’ils font lorsqu’ils entendent parler de harcèlement. Quelques réponses fusent : -on en parle à un adulte, mais sans conviction. Un peu comme une réponse attendue. Sylvie Schweitzer rappelle que dans le film, les camarades ne font rien pour protéger le garçon harcelé à cause de la photo postée sur les réseaux de la classe. Elle précise où l’on peut s’adresser quelle est la ligne d’écoute : SOS homophobie et c’estcommeca.net.

Un garçon revient sur le thème du film : « franchement, je suis un peu d’accord avec le papa. J’aimerais pas que mon fils,  il soit comme ça. » Puis les élèves reviennent sur la différence entre les 2 pères : celui qui ne comprend pas au début. Il est d’abord hostile, déçu, choqué. Il refuse l’homosexualité de son fils, mais il va évoluer jusqu’à l’assumer devant ses collègues. Et puis l’autre père, celui qui ne peut supporter cette déviance et qui enferme son fils, et par la contrainte essaye de le faire revenir dans le droit chemin de l’hétérosexualité.

Les élèves parlent ensuite du courage de Nathan qui va réussir à tenir tête à ses harceleurs parce qu’il assume son choix (et que sa professeure de mathématiques, en dévoilant sa souffrance d’enfant pas comme les autres, harcelée) lui a donné le courage d’assumer son amour pour les garçons. 

Un garçon évoque ensuite une série américaine qui met en scène un couple homosexuel caricatural. L’un très efféminé, avec des manières et une voix aigüe, l’autre sur un modèle viril. Il trouve la série très drôle et s’étonne que personne ne la connaisse. Une fille montre par quel geste de la main, un petit geste maniéré de fille, on désigne un gay. Sylvie Schweitzer explique que la sexualité des gays, c’est plus compliqué que ça. Ce n’est pas forcément un qui fait l’homme et l’autre qui fait la femme. L’un qui pénètre et l’autre qui est pénétré. Elle explique que cette vision caricaturale ne reflète pas la réalité. C’est un cliché du couple homosexuel.

Un garçon s’interroge : « Cette séance, c’est juste pour nous ou pour toutes les classes de 3ème ? » « Juste pour vous, vous êtes des privilégiés. » répond leur professeure avec humour. Pas sûr qu’ils soient tous certains que c’est un privilège.

Sylvie Schweitzer explique ce que veut dire LGBTQIA. Certains, filles et garçons s’interrogent sur la famille et demandent « de toute façon un couple homosexuel ne peut pas avoir d’enfant ? » -biologiquement, non c’est impossible mais un couple homosexuel peut se marier et peut avoir des enfants, en France. Des réponses sont proposées : « Ah oui par l’adoption ou bien par la GPA ». Ensuite il y a la question légale, il ne peut y avoir que 2 parents pour un enfant pas 3 ou 4. cela peut être 2 mères, 2 pères ou bien un père et une mère. 

Puis Blandine Berthelot prend la parole pour expliquer la nouvelle forme de famille qu’elle a créée avec sa compagne et un couple de gays, il y a 2 maisons celle des pères et celle des mères. Elles ont fait ce choix, les enfants vont bien et ne sont pas obligatoirement homosexuels. C’est juste une façon de faire famille qui n’est pas la norme, qui n’est pas ce qu’il faut faire, mais qui est possible. Une sorte de coparentalité. Elle suggère aussi que dans de nombreuses familles il y a des recompositions, des beaux pères, des belles mères. L’essentiel pour un père ou une mère c’est la responsabilité envers son enfant. Ce que le film montre bien à travers le personnage du père de Nathan qui comprend qu’il doit protéger son fils. 

Des garçons se demandent s’il existe des discriminations envers les hétérosexuels. Sylvie Schweitzer leur répond que les discriminations visent toujours les minorités, il n’y a pas de discrimination envers la majorité. Elle explique que donc le concept d’hétérophobie qu’ils avaient suggéré n’existe pas.

Blandine B. précise qu’elle a 3 frères et sœurs hétéros, que ses parents ont été un peu troublés par la révélation de son homosexualité mais qu’avant tout, leur seul souci était que leurs enfants soient heureux.

Pendant plus d’une heure de débat, le fil des échanges était constant, pas d’agressivité ni de malaise perceptible et une qualité d’attention au témoignage paisible de Blandine Berthelot, loin des clichés homophobes. La coupure de la récréation n’a pas cassé l’intérêt pour le film, juste permis qu’ils échangent un peu entre eux et se détendent au lieu de rester 3h de suite dans la même salle. 

Les élèves reçoivent chacun un carnet dans lequel ils pourront consigner leurs réactions après cette séance et nous les faire parvenir. 

Jacinthe Hirsch, Présidente de Mémoire 2000

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