Journal d’Avril 2021 : Coup d’Etat le 1er février 2021 en Birmanie, la persécution des musulmans continue de plus belle

© AFP / Lillian SUWANRUMPHA

La cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi est arrêtée ainsi que de nombreux artistes, enseignants, intellectuels birmans. Alors que les Rohingyas semblaient se réjouir de cette arrestation (il faut se souvenir que Aung San Suu Kyi avait brillé par son silence devant le massacre des musulmans par les bouddhistes en 2017), ces malheureux sont encore la cible de répressions ignobles par le nouveau gouvernement en place.

En effet, le dirigeant des armées Min Aung Hlaing s’est exprimé après les derniers massacres des Rohingyas en ces mots glaçants : “un travail inachevé” ! L’ONU reconnaît que les musulmans de Birmanie sont privés de leur citoyenneté et victimes d’un “nettoyage ethnique”. Ils sont désignés ”immigrants clandestins du Bengladesh” par la junte militaire, alors qu’ils furent, rappelons-le, soumis à l’esclavage, à la suite de l’invasion des Birmans en 1785. C’est un véritable cauchemar pour cette minorité musulmane, reléguée dans des ghettos où sont entassés 1,2 million de réfugiés Rohingyas.

-En août 2018, un rapport de L’ONU accuse l’armée de Myanmar (Birmanie) de génocide, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité envers les Rohingyas. Les enquêteurs de l’ONU font état de meurtres, d’esclavages, viols collectifs sur les femmes et les enfants, incendies volontaires etc… Aung San Suu Kyi est vivement critiquée devant son inaction face à ce génocide.

-Septembre 2018, la Cour Pénale Internationale déclare être compétente pour enquêter et sanctionner la déportation de ce peuple, mais…la Birmanie n’étant pas signataire du statut de Rome, la CPI ne peut donc pas agir !

-Fin septembre 2018, le Canada vote à l’unanimité un texte qui qualifie de génocide la persécution des Rohingyas en Birmanie.

-Novembre 2019, la Gambie, au nom de l’Organisation de la coopération islamique, dépose une plainte auprès de la Cour Internationale de Justice contre le Myanmar pour les crimes perpétrés à l’encontre des Rohingyas.

Malgré toutes ces interventions non suivies d’effet, cette minorité musulmane apatride est toujours victime de persécutions, passe sa vie dans des camps de déplacés surpeuplés, sans liberté de mouvement, vivant dans des conditions qualifiées “d’apartheid“ (d’après les défenseurs des droits). 

De plus, compte tenu de l’absence totale de soins bien entendu, un tsunami sanitaire risque d’éclater avec l’arrivée de la pandémie mondiale du coronavirus, aggravant sérieusement encore leur situation.

La pression internationale : mars 2021

Les Etats-Unis menacent de bloquer les actifs et transactions de certains militaires responsables du putsch dans le secteur très lucratif des pierres précieuses.

-Les géants de l’internet ont un projet de loi sur la cybersécurité qui obligerait la Junte à transmettre les données des utilisateurs.

-Facebook a déclaré qu’il réduirait la visibilité du contenu géré par l’armée affirmant que celle-ci répandait de fausses informations.

-Mais la Chine et la Russie ont apporté un soutien sans faille, lors du Conseil des Nations Unies, à l’armée birmane.

Un mois après le coup d’État militaire en Birmanie, le 1er février dernier, les généraux ont lancé une campagne de répression sanglante dans tout le pays contre les manifestants birmans demandant le retour à la démocratie. On compte à ce jour (30/03/21) au moins 500 morts (dont des enfants) et plusieurs milliers d’arrestations.

Mais quid des Rohingyas ? 

Alors que ces derniers redoutent de nouvelles violences, marqués par tant d’années d’errance, on a l’impression qu’ils n’intéressent personne.

Au cours des siècles passés, combien de peuples (élus ou pas) ont été victimes d’extermination au nom d’une religion plus ou moins affirmée. Combien faudra-t-il encore de siècles pour que de telles exactions disparaissent enfin ?

Ne jamais baisser les bras, ne jamais dire “c’est comme ça, on ne changera rien !”

Apprenons à vivre ensemble dans les valeurs de la laïcité qui permettent d’accepter son voisin dans sa différence et sa diversité. Mesurons à quel point nous avons la chance de vivre dans un pays tel que la France dont le socle commun est (devrait être) le respect de l’autre.

Joëlle Saunière

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