Ce n’est pas par hasard que MEMOIRE 2000, voici plus de 25 ans, a choisi le cinéma comme vecteur pour sensibiliser les jeunes de notre pays à toutes les atteintes aux droits de la personne humaine. En effet, ces séances de projection permettent à ces futurs citoyens d’être en prise directe avec la réalité, de réfléchir à des problèmes auxquels leurs professeurs les ont déjà sensibilisés, de confronter leurs réflexions à celles de collègues d’autres établissements, et de poser des questions très pertinentes aux débatteurs choisis.
Tout cela ne peut que les enrichir et les préparer à leur vie, d’adultes, de citoyens de la République.
C’est pour cela que l’élaboration de nos programmes constitue un stade capital de notre action, et comporte plusieurs étapes, tout aussi importantes :
– En premier lieu, nous passons en revue les événements les plus importants que traversent le monde, et plus spécialement notre pays.
Par exemple, l’an dernier (2017-2018), il y avait
1°) La coexistence possible entre Juifs et Arabes.
2°) L’espoir de laïcité en pays musulman.
3°) La grande pauvreté.
4°) La Shoah.
5°) L’extermination des Indiens d’Amérique du Sud par les conquérants catholiques au 16° siècle, quand on se demandait encore “si les Indiens ont une âme”.
6°) L’antisémitisme dans notre pays.
7°) Les droits des femmes.
8°) La fragilité d’une démocratie.
Pour la rentrée, nous avons programmé :
1°) Le racisme anti-noirs, toujours présent, même après Martin Luther King et Barak Obama
2°) L’injustice envers les femmes dans certains pays musulmans.
3°) Les Migrants, sujet d’une actualité brûlante.
4°) La Shoah ou l’Horreur absolue.
5°) Les Justes Musulmans qui ont sauvé des Juifs pendant la seconde guerre mondiale (qui en parle ???).
6°) Les problèmes d’éducation d’enfants étrangers en France.
7°) L’Intégrisme musulman qui pollue nos banlieues.
8°) L’exclusion par le handicap physique.
– Ensuite, bien évidemment : se procurer le film.
– Puis, rédiger un dossier pédagogique destiné aux enseignants.
– Enfin, trouver un débatteur, l’idéal étant le réalisateur du film, ou un intellectuel compétent (journaliste, écrivain, historien).
Après tout cela, il ne nous reste plus qu’à enregistrer les réservations. Bien évidemment, plus la salle est pleine et plus nous sommes heureux et satisfaits. Nous avons alors le sentiment de compléter efficacement l’enseignement des professeurs, de les aider dans la transmission des valeurs et la connaissance des grands problèmes de notre temps.
En effet, comment peut-on ignorer – ou minorer – les dégâts causés par le racisme, l’antisémitisme, les violences faites aux femmes, l’intégrisme religieux, l’exclusion, les difficultés d’accès à l’éducation dans certains pays ? Comment ne pas montrer cela aux jeunes, afin de les faire réfléchir, de confronter leurs idées à celles d’autres élèves, de dialoguer avec de grands témoins qui sont là pour les aider à comprendre et à ouvrir les yeux ?
C’est pourquoi nous ne baisserons jamais les bras. D’autant plus que certaines projections récentes nous y encouragent : par exemple, ces dernières années, nous avons programmé à plusieurs reprises “24 jours”, film qui retrace le calvaire subi par le jeune Ilan Halimi, enlevé, torturé et massacré uniquement parce qu’il était juif, et devait donc avoir de l’argent…Après plusieurs échecs (aucune réservation… !), nous avons eu cette année une salle pratiquement comble, et les présents ne regrettent certainement pas d’être venus !
A l’issue de la projection, les élèves ont exposé leurs points de vue avec beaucoup de pertinence et de lucidité, ils n’étaient pas tous du même avis, et c’est heureux ; ils ont dialogué entre eux, très courtoisement, et par chance, dialogué avec le réalisateur du film, Alexandre Arcady. Ils ont bien compris les problèmes, les difficultés rencontrées par le réalisateur, et les enjeux en présence. Les enseignants étaient ravis, les élèves également, la séance était à marquer d’une pierre blanche…
Tout cela pour dire et répéter que jamais nous ne baisserons les bras, que nous sommes bien conscients de notre rôle, et que la présence des élèves et de leurs enseignants est pour nous la plus belle des récompenses. Ajoutons que nous travaillons en collaboration avec la DILCRA, organe ministériel.
Nous ne sommes pas là pour divertir les élèves, mais pour les faire réfléchir et les préparer à leur vie d’adulte. Pour voir Star Wars ou Harry Potter, ils n’ont pas besoin de nous. Par contre, nous pouvons les aider à mieux comprendre notre monde, et à devenir des citoyens informés et responsables dans la République.
Guy Zerhat