C’est sans fin. L’antisémitisme ne connait aucun répit. Mieux encore il se développe. Il est désormais ancré en France où il est devenu un phénomène banal et quotidien.
Après la seconde profanation de la stèle installée à Bagneux à la mémoire d’Ilan Halimi, le journal Le Monde a mené une enquête sur l’antisémitisme en France au quotidien.
Il ressort que dans de nombreuses villes de banlieues et pas seulement, des familles juives, après avoir subi des insultes, des violences et des agressions ont été contraintes de déménager sans que cela n’émeuve qui que ce soit et surtout pas les médias.
Des violences à l’encontre de juifs ont lieu quotidiennement : cela va de l’insulte, au tag, à des agressions pour aboutir comme on l’a vu ces dernières années, à la mort de très jeunes, jeunes ou moins jeunes uniquement parce qu’ils étaient juifs, donc parés de tous les péchés du monde.
Pourtant, même si les chiffres pourraient à eux seuls “faire parler”, inquiéter et réagir : “En France en 2016, un acte raciste sur trois est dirigé contre un juif, alors que les juifs représentent moins d’1% de la population”, ils sont encore loin de la réalité car “de très nombreuses victimes d’agressions verbales ou de violences légères, ne déposent pas plainte…” Pourquoi ?
Parce qu’elles ont le sentiment fondé que “cela ne sert à rien”, que la “police n’intervient qu’après coup” et que les agresseurs s’en sortent après un simple contrôle d’identité…
Il semblerait que les juifs français en aient pris leur parti et que si dans certaines banlieues ou quartiers, ils vivent la peur au ventre, ceux qui le peuvent, eux, décident de quitter la France. Et quand ils restent, pour protéger leurs enfants, de nombreux parents ont choisi de les mettre dans des écoles privées dont les effectifs ne cessent d’augmenter. Et l’on viendra ensuite nous parler de “communautarisme”…
Cet antisémitisme n’est pas né d’aujourd’hui. Il faut remonter à l’année 2000, au début de la seconde intifada dans les territoires palestiniens et à la conférence de Durban de 2001. A cette époque déjà des intellectuels honnêtes et clairvoyants comme Finkielkraut, Tarnéro ou Taguieff s’époumonaient en vain pour essayer d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics de l’existence d’un “nouvel” antisémitisme maquillé en antisionisme. Ils n’ont cessé à l’époque et, jusqu’à présent d’être taxés de “réactionnaires” de “racistes” sinon de “fascistes”.
Aujourd’hui encore des actes antisémites avérés relèveraient pour de nombreuses personnes et autorités, d’une délinquance ordinaire. Ce déni permit à l’antisémitisme de croitre et d’embellir. Il en a fallu de l’énergie pour faire comprendre que le martyr d’Ilan Halimi, et la défenestration d’une femme parce que juive, étaient des actes antisémites !! Que de temps perdu…
Beaucoup trop de morts pour que l’on commence enfin à penser et encore en sourdine, qu’il existe bien de l’antisémitisme en France et que s’il s’est largement propagé grâce aux réseaux sociaux, il a aussi beaucoup bénéficié de l’électoralisme de certains, du laxiste des uns et de la mauvaise conscience des autres… Jusqu’à quand ???
A Mémoire 2000, nous avons à plusieurs reprises proposé aux scolaires, la projection du film “24 jours” qui relate “l’affaire” Ilan Halimi. Nous n’avons jamais eu la moindre réservation…
C’est comme si l’on ne voulait surtout plus entendre parler de cet assassinat effroyable, comme si le nier allait l’effacer. C’est le contraire qui risque de se produire : ne pas en parler, ne pas expliquer à des jeunes à quelles extrémités peuvent mener le racisme, la haine, les préjugés… c’est en faire un objet de fantasme et peut-être même de fascination.
Cette année encore, nous avons programmé ce film en mars, pour la semaine nationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Nous espérons vraiment qu’il rencontrera un public de jeunes que les professeurs auront le courage et la volonté d’amener.
On le sait l’antisémitisme est le symptôme d’une société mal en point. Ne laissons pas la maladie gagner !!!
Lison Benzaquen